Rome (Italie), 6 juin 2002 – Le sel constitue un véritable danger pour la sécurité alimentaire de la planète dont un dixième des terres sont endommagées tandis que la superficie des zones irriguées diminue de 2% chaque année, touchant le plus durement les régions arides et semi-arides.
Pire, selon les experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), la salinisation des sols pourait menacer 10% de la récolte céréalière mondiale qui, avec 1.905 millions de tonnes prévues en 2002 (dont 603 MT de blé), est déjà insuffisante pour nourrir également les 800 millions de personnes sous-alimentées dans le monde.
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Seulement 17% de toutes les terres agricoles sont actuellement irriguées mais elles assurent 40% de la production vivrière mondiale, rappelle le Dr Julian Martinez Beltran en estimant globalement « à au moins 8% la superficie déjà endommagée par la salinisation ». Ce chiffre, selon l’expert de la FAO, atteint même les 25% dans les régions arides et semi-arides.
Le phénomène trouve son origine dans l’érosion des sols. Les sels minéraux, qui se détachent des roches et des sols attaqués par l’eau, se retrouvent en effet dans l’eau d’irrigation et si l’on utilise trop peu d’eau dans un champ, les sels s’inscrustent dans le sol.
Mais, pour les spécialistes, l’utilisation de l’eau en trop grande quantité entraîne l’engorgement de la nappe phréatique. Le sol fonctionne alors comme une éponge en attirant l’eau vers la surface et lorsque celle-ci s’évapore, le sel reste autour des racines entravant leur capacité d’absorption.
« Dans certains cas, explique le Dr Martinez Beltran, le seul indice est la baisse des rendements que l’on peut mettre un certain temps à remarquer ». « Mais, poursuit-il, il peut y avoir des symptômes visibles, comme une légère croûte molle sur le sol ».
Selon les chiffres de la FAO, 70% de la consommation mondiale d’eau est d’origine agricole et ce taux peut atteindre 85 à 95% dans de nombreux pays en développement.
Pour parer ou corriger les effets de la salinisation qui peut détériorer les terres de façon irrémédiable, « les agriculteurs devraient utiliser la quantité d’eau dont les plantes ont réellement besoin, en y ajoutant la juste dose permettant de garantir que les sels sont lessivés », conseille la FAO.
Outre une meilleure utilisation de l’irrigation, la solution au problème passe, selon l’organisation onusienne, par une amélioration du drainage des terres et parfois par la submersion des sols, bien que cette méthode de remise en état de sols incultivables soit souvent plus coûteuse.
Un tiers des terres salines gorgées d’eau pourraient être bonifiées, estime la FAO citant en exemple le programme national de drainage égyptien qui au cours des 30 dernières années a permis de faciliter l’écoulement et de réutiliser les eaux de drainage.
La FAO se veut optimiste car certaines cultures tolèrent mieux le sel que d’autres. Mais, le prix à payer pour les agriculteurs est parfois de repenser complètement leur système de cultures pour le rendre plus rentable.
Ainsi, au Cap-Vert par exemple, les agriculteurs ont abandonné les cultures de canne à sucre nécessitant beaucoup d’eau au profit de l’horticulture. La production y a triplé passant à 17.000 tonnes entre 1991 et 1999.
Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org