Dans son nouveau plan stratégie 2025-2030, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) s’attaque à trois grandes orientations : protéger le public et l’indépendance professionnelle; agir pour une santé intégrée; et faciliter l’accès aux soins vétérinaires.
Ce plan est le fruit de consultations menées à l’automne 2024 auprès de médecins vétérinaires, regroupés en associations, ou non, et de gens du public.
Protéger le public et l’indépendance professionnelle
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Des veaux laitiers sous la mère
Les veaux qui se promènent sous les mères en production vache-veau, c’est la norme. Certains producteurs laitiers ont opté pour cette façon de gérer les veaux, et ça fonctionne très bien.
En entrevue, le président de l’OMVQ, Gaston Rioux, explique que la protection du public est la mission de son ordre professionnelle. Or, il y a une méconnaissance dans la population générale des rôles des ordres professionnels.
L’OMVQ veut donc améliorer les communications avec le public, mais aussi auprès de ses membres. Gaston Rioux rappelle aussi que le médecin vétérinaire a une obligation d’indépendance professionnelle.
« Entre autres, quand on donne un stéthoscope de la part de l’Ordre aux étudiants de première année, on a fait graver dessus : “le client d’abord”. On le fait pour leur dire : il faut éviter que les influences extérieures interfèrent sur la qualité des services et les besoins des clients », dit le président.
Agir pour une santé intégrée
L’aspect une seule santé est nouveau dans les actions de l’Ordre. Gaston Rioux explique qu’ils se sont rendus compte dans les dernières années que le rôle du médecin vétérinaire était méconnu en santé publique.
Gaston Rioux rappelle qu’il y a quelque 400 médecins vétérinaires qui sillonnent la province pour s’assurer d’avoir des aliments sains à mettre en marché.
« Quand on parle des zoonoses, peu de gens savent – peut-être plus maintenant parce qu’on on a passé au travers de la pandémie – que de 60 à 70% des nouvelles maladies émergentes sont des zoonoses, donc des maladies qui proviennent du milieu animal. Donc, le rôle du médecin vétérinaire est fort important », rappelle Gaston Rioux.
Faciliter l’accès aux médecins vétérinaires
Sur les 3000 médecins vétérinaires du Québec, 400 œuvrent avec les animaux de ferme et entre 1900 et 2000 auprès des animaux de compagnie.
« On sait qu’il y a beaucoup de départs à la retraite et nos gradués ne seront pas suffisants dans les 15 prochaines années pour combler tous les départs. L’accessibilité demeure donc un élément important », dit Gaston Rioux.
Il explique que le creux de la vague du manque de médecins vétérinaires se fera sentir d’ici 5 à 10 ans en raison des départs à la retraite prévus dans les prochaines années.
Or, le Québec est déjà en pénurie. Il en faudrait entre 0,5 et 0,7 médecin vétérinaire par 1000 habitants et il y en a 0,3. Pour revenir à un équilibre de 0,5 médecin vétérinaire par 1000 habitants, il estime qu’il en manque entre 300 et 500 pour combler les besoins de la profession, tous secteurs confondus.
Les 96 finissants en médecine vétérinaire de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe seront nettement insuffisants pour combler cette demande.
Gaston Rioux explique que le secteur des animaux de ferme est davantage touché par le manque de médecins vétérinaires et surtout dans les régions plus éloignées des grands centres. Il souligne d’ailleurs l’initiative de la Faculté de médecine vétérinaire de créer un campus à Rimouski.
L’Ordre cherche aussi à attirer des médecins vétérinaires formés à l’étranger par l’obtention de permis spéciaux. L’Ordre a notamment un comité de relève et maintien.
Il ajoute que l’Ordre veut favoriser la création de structures d’affaires variées pour permettre une meilleure accessibilité. Il parle notamment de cliniques gérées en OBNL ou en coopératives qui pourraient offrir des tarifs plus abordables pour les clients moins fortunés.
Récemment, la mainmise de certaines cliniques privées par des grands consortiums a mis à mal la profession, tant du côté de l’accessibilité, des tarifs que de l’indépendance professionnelle. Ce fait a été dévoilé dans des reportages. Le secteur des animaux de compagnie est principalement visé par ces grandes compagnies, mais aussi des cliniques mixtes qui œuvrent avec les animaux de ferme.
« Il faut s’assurer comme ordre professionnel que les médecins vétérinaires fassent respecter leur indépendance professionnelle, dit Gaston Rioux. Donc qu’il n’y ait pas d’influence extérieure ou provenant de ces potentiels grands regroupements-là pour influencer leur choix de traitements ou de médicaments. C’est très important au niveau de la protection du public. C’est un cheval de bataille sur lequel on a commencé à travailler, et qui est aussi inscrit dans notre planification stratégique. »
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