Les drains bouchés sont un problème récurrent dans le champs et un des moins agréables à régler, en raison des travaux à entreprendre et souvent parce qu’ils sont à recommencer deux fois plutôt qu’une.
Une équipe du MAPAQ s’est intéressée à la situation en cherchant à comprendre ses causes. Hélène Bernard, ingénieur et conseillère en agroenvironnement pour le ministère, a présenté lors des Journées horticoles et grandes cultures ce qu’elle et trois autres collègues ont trouvé après l’analyse d’amas racinaires délogés de drains agricoles.
Hélène Bernard a débuté en rappelant le rôle des drains. Ils ont pour fonction de rabattre la nappe phréatique plus rapidement. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est une bonne nouvelle de trouver des racines dans le drain. Il faut considérer que si les racines se rendent jusque-là, c’est qu’elles ont une masse volumique adéquate et que la plante colonise un grand horizon de sol. Les plantes à cet égard n’ont pas le même potentiel. Par exemple, les racines du maïs peuvent aller jusqu’à une profondeur de 120 cm, la luzerne 200 cm, le pissenlit 240 cm et le peuplier 300 cm.
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Et la raison pour laquelle elles colonisent les drains est qu’elles recherchent un stimuli. Elles ont aussi la capacité de s’introduire dans les drains puisqu’elles peuvent atteindre un diamètre plus petit que les trous du drain.
Des espèces à avoir à l’oeil
Une équipe s’est donc donné comme mandat de documenter le problème en avril 2024, sans faire de discrimination entre les champs sélectionnés. Elle a d’abord recueilli les données sur le plan de drainage et a ensuite sollicité l’aide du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) afin de développer une méthode qui permettait l’identification moléculaire des espèces végétales trouvées dans les amas racinaires.
En 2024, l’équipe a documenté 29 cas et fait analyser 23 échantillons. Elle a poursuivi en 2025, ce qui a donné 32 cas documentés et 41 échantillons analysés.
Les résultat des échantillons démontrent que certaines espèces ont été trouvées davantage que d’autres, soient les brassicaceae (radis, moutarde), les medicago (luzerne cultivée), les populus (peupliers), les salix (saules), les acers (érable à Giguère) et les rumes (patience crépue). Le LEDP a également trouvé des racines de prêle, de maïs, d’orme, de pissenlit et de frêne. Hélène Bernard a souligné que seulement une petite partie des amas avait été analysée.
Quant aux raisons de la présence des amas, il faut comprendre les conditions qui existent dans les drains. Ces derniers constituent des environnements particuliers puisque les conditions y varient, avec des fois de l’eau et d’autres fois pas, ce qui est la même chose pour les éléments fertilisants. Les racines n’y trouvent pas de l’air ou de l’espace. Elles ne peuvent pas non plus s’y décomposer, puisque des racines de cultures précédentes à celles des prélèvements ont été trouvées.
L’équipe du MAPAQ a pu déterminer que certains facteurs peuvent aggraver le problème, comme une pente trop faible du drain, des drains écrasés en raison d’un manque de terre les entourant au moment de l’enfouissement et des opérations qui favorisent un fort développement racinaire. Les sols légers semblent aussi plus propices au problème des drains bouchés.
Bonnes pratiques à mettre à l’œuvre
À la suite des deux années d’étude, les recommandations ciblent la prévention et l’aménagement des drains. Dans ce cas, Hélène Bernard recommande de protéger le drain collecteur en le faisant suivre par un drain protecteur non perforé, près des boisés, contrairement à la pratique des années 1970 (qui a vu beaucoup de travaux de drainage réalisés) qui consistait à placer le drain collecteur au bout du champ sur le sens de la longueur, le long du fossé.
Le drain collecteur doit aussi être placé à plus de 12 à 15 mètres du fossé, la limite où on retrouve le plus de racines. La conseillère rappelle que parmi les échantillons d’amas, ils étaient composés à 50% de racines d’arbres et d’arbustes et à 50% de racines de plantes. Les plans de drainage devraient être rendus disponibles par l’entreprise qui a réalisé les travaux, ou par Info-sols.ca, s’ils ont été réalisés par le MAPAQ.
Les résultats démontrent l’importance de réaliser un diagnostic pour comprendre la situation et de faire une analyse des amas pour comprendre ce qui cause le problème. Un service d’analyse sera d’ailleurs lancé en 2026 au coût de 30$. Les producteurs intéressés sont invités à en profiter.
Il est toutefois difficile de quantifier l’influence de chacun des facteurs susceptibles de contribuer au blocage des drains. La plupart du temps, une combinaison de facteurs est à l’origine de cette problématique, a indiqué la conférencière. D’autres analyses seront nécessaires afin de mieux comprendre le problème. Mais comme les racines peuvent atteindre un diamètre de 50 microns et qu’elles ont des capacités plastiques, il n’existe pas de solution miracle.
Il faut aussi agir en amont en vérifiant les sorties de drains deux fois par année, ce qui fait partie des bonnes pratiques, a insisté avec un sourire en coin Hélène Bernard. « C’est plus facile de réparer que de changer un système de drainage », a souligné la conseillère.
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