Un rapport dévoilé par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) met en lumière que les orientations du gouvernement quant à la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES) sèment l’inquiétude parmi les producteurs agricoles.
Le rapport intitulé « Ce que nous avons entendu : consultation sur la réduction des émissions attribuables aux engrais » doit orienter les efforts de AAC dans son intention d’atteindre la cible nationale de réduction des émissions attribuables aux engrais de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici 2030. Le ministère a indiqué qu’il collaborerait avec le secteur pour atteindre les objectifs.
Plus de 2000 réponses ont été reçues dans le cadre de la consultation en ligne, des ateliers techniques et des assemblées générales, tenues de mars à octobre 2022. Les consultations menées auprès de l’industrie avaient pour but de recueillir des commentaires sur les approches volontaires qui sont le plus à même de soutenir le secteur dans ses démarches, indique AAC.
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Un grand nombre de répondants se sont demandé si un objectif de réduction des émissions d’engrais était nécessaire, un sentiment souvent associé à la crainte qu’un objectif obligatoire ne soit imposé plus tard. Un nombre important de répondants ont aussi déclaré qu’ils préféraient une réduction des émissions basée sur l’intensité plutôt qu’une réduction absolue des émissions. Ils s’inquiétaient également de l’impact que ces objectifs pourraient avoir sur la production.
Les agriculteurs craignaient également que les politiques sur les changements climatiques ne tiennent pas compte de la rentabilité et du rendement des producteurs et les impactent négativement.
Une autre préoccupation était que l’application de politiques générales ne reflète pas correctement la diversité régionale du secteur agricole au Canada. Les répondants ont indiqué que des données plus localisées et des services de vulgarisation accrus les aideraient à adopter des pratiques de gestion de l’azote.
Cependant, bien qu’il y ait eu de nombreuses préoccupations concernant le programme, il y avait aussi une adhésion importante. De nombreux répondants ont reconnu la nécessité d’agir sur le changement climatique et étaient d’accord avec la réduction des émissions. Mais ils voulaient également que l’on reconnaisse le rôle que les agriculteurs canadiens jouent déjà dans la promotion de la durabilité et la réduction des émissions, ce dont de nombreux répondants étaient fiers.
« Les engrais sont un intrant essentiel pour les agriculteurs », a déclaré la ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, dans le rapport. « Nous devons veiller à ce que nos efforts de réduction des émissions ne nuisent pas à leur compétitivité ou leur travail essentiel, surtout en cette période où l’insécurité alimentaire atteint un niveau sans précédent dans le monde et où la chaîne d’approvisionnement des engrais est de plus en plus sous pression. »
À noter, la plupart des commentaires recueillis provenaient de l’Alberta et de l’Ontario, tandis que le Québec a fourni 5% et moins des commentaires dans les différentes consultations. Les membres du publics ont constitué 54% de l’ensemble des propos, contre 38% pour les producteurs agricoles.