Le MAPAQ, en collaboration avec le Réseau Mentorat, offre sans frais aux entrepreneurs de moins de 40 ans issus du secteur bioalimentaire ou agricole, l’opportunité de participer à des séances de mentorat de groupe. Le Bulletin des agriculteurs s’est entretenu avec la directrice de Réseau Mentorat, Karyne Alstream, afin d’en savoir plus sur le principe.
Le Bulletin : Le mentorat, qu’est-ce que c’est ?
Karyne Alstream : Le mentorat implique un transfert de connaissances d’une personne à une autre en l’accompagnant à trouver les réponses elle-même, en écoutant ce qu’elle dit et ce qu’elle ne dit pas. C’est souvent très intime. Il faut comprendre que le mentor est dans une position de bienveillance et d’écoute, pas dans le jugement.
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Vous insistez sur le fait que le mentorat s’adresse avant tout à l’entrepreneur et non à son entreprise. Pourquoi cette précision ?
Chez Réseau Mentorat on évite tout conflit d’intérêt, donc le mentor ne peut pas être un fournisseur, un financier ou un client. La relation vise, surtout, à briser l’isolement, à prendre du recul vis-à-vis de ses défis et à approfondir ses réflexions. Bref, ça s’apparente plus à une tape dans le dos qu’à une morale pour performer.
Le fait que le MAPAQ relaie vos services, vous aide-t-il ?
Ça fait déjà plusieurs années qu’on travaille avec le MAPAQ, lequel offre un programme dans lequel les agriculteurs ne paient pas de frais et peuvent accéder à nos services. Nous sommes quand même une entreprise de petite taille, alors le fait de pouvoir accéder à ce grand réseau a été bénéfique. Désormais, nous sommes présents dans des régions très agricoles comme le Centre-du-Québec, le Bas-Saint-Laurent ou encore la Montérégie.
Vos services comprennent également le repreneuriat, on sait que c’est un défi en agriculture. Quelle approche peut être bénéfique face à ce problème ?
Chez-nous, 15% de la clientèle est en repreneuariat. Je ne peux pas vous dire exactement le chiffre pour l’agriculture, mais je sais que les jeunes entrepreneurs ont envie d’avoir une qualité de vie, veulent voir grandir leurs enfants et prendre du temps pour eux. Le mentorat n’a pas la réponse à tout. En revanche, il a l’avantage de mettre en rapport des gens d’expérience avec de jeunes entrepreneurs et de se projeter dans le temps.
Est-ce que le mentorat pour se faire à distance en agriculture ?
Au début des années 2000, on pensait que le mentorat n’était possible qu’entre individus sur place. Puis, est venue la pandémie et son confinement, ce qui pour nous a été une très bonne chose. On a compris que la technologie pouvait unir un mentor à un jeune entrepreneur. Ce qui est particulièrement intéressant avec le programme du MAPAQ, en mode virtuel, c’est qu’on a pu réunir plusieurs personnes de l’agriculture ou de la transformation alimentaire. On a vite compris que lors des conférences virtuelles parmi les mentorés, il y avait des convergences, soit de lieu, soit de production, mais, plus que tout, des affinités, et ça, pour nous, tout cela constituait une réussite !
Témoignage d’un mentoré
Voici ce que Dominique Théberge, de l’entreprise Les Érables du Patrimoine Théberge, a à dire sur son expérience de mentoré. « Nous sommes constamment dans notre monde, nos projets, nos hauts et nos bas. Le groupe de mentorat nous sort de notre tête. Le partage et l’ouverture du groupe donnent des conversations hyper l’fun et vraies. Quand venait la semaine des rencontres mentorat, je savais déjà qu’on allait avoir un bon moment et qu’on allait ressortir grandi ou avec quelques solutions en main. »
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