Météo extrême : entreprises horticoles en péril

Cinq organisations agricoles ont lancé un cri du cœur collectif

Publié: 8 août 2023

Météo extrême : entreprises horticoles en péril

Le Bulletin des agriculteurs rapporte depuis des semaines les effets troubles des événements climatiques intenses et excessifs cette année. Pour la production maraîchère au Québec, le bilan montre une baisse de la qualité et de la quantité des fruits et des légumes dans trois quarts des régions, avec certaines récoltes diminuées, d’autres abandonnées.

Des champs inondés par les excès de pluie.

Le 4 août dernier, cinq organisations agricoles ont lancé un cri du cœur collectif lors d’une conférence de presse donnée à Sainte-Clotilde. L’Union des producteurs agricoles (UPA), l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ), les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ) et les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ) ont décrit les effets pénibles de la météo extrême sur des centaines de leurs membres. Elles ont demandé au gouvernement du Québec une aide urgente.

Résultat des évènements climatiques intenses et excessifs de cette année.

À court terme, tout le système d’approvisionnement en fruits et légumes du Québec se prépare à encaisser le coup. Le Bulletin rapportait à la fin juillet que l’Association québécoise des distributeurs de fruits et légumes (AQDFL) allait encourager les producteurs maraîchers à desservir en priorité les marchés locaux, devant ceux d’exportation. À l’autre bout de la chaîne, selon Sophie Perreault, PDG de l’AQDFL, les détaillants et grossistes auront à faire preuve de plus de tolérance en acceptant des fruits et des légumes qui ne rencontrent pas parfaitement les spécifications habituelles.

Les récoltes sont diminuées dans trois quarts de régions du Québec, d’autres même abandonnées.

Lors de la conférence de presse du 4 août, le regroupement des cinq organisations abondait dans le même sens : les produits du Québec ne seront tout simplement pas disponibles en quantité suffisante cette année. Les détaillants et grossistes devront s’approvisionner ailleurs, sur les marchés étrangers.

Le 4 août dernier, cinq organisations agricoles ont lancé un cri du cœur collectif lors d’une conférence de presse donnée à Sainte-Clotilde.

Au-delà de ces problèmes d’approvisionnement à court terme, ce sont les conséquences financières des événements climatiques extrêmes qui retenaient l’attention des intervenants lors de la conférence de presse : ces conséquences sont sérieuses et préoccupantes, compromettant l’avenir de plusieurs fermes. La présidente de l’APMQ, Catherine Lefebvre, appelle le gouvernement à mettre en place des mesures d’urgence afin d’obtenir davantage de soutien, plus particulièrement pour les entreprises dont la continuation des activités a basculé dans l’incertitude. Martin Caron, président général de l’UPA, souligne quant à lui que les programmes habituels n’ont pas été conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques.

Les cinq organisations ont proposé une série de mesures qui peuvent être mises en œuvre sur le champ : le financement des travaux urgents pour préserver les récoltes récupérables; la bonification du nouveau programme ad hoc de la FADQ visant à appuyer les entreprises agricoles touchées par le contexte inflationniste; le retrait de la limite d’intervention basée sur le bénéfice net au programme Agri Québec Plus; le report du paiement des primes au programme d’assurance récolte ainsi qu’un congé de paiements sur les prêts à la FADQ.

Et à plus long terme, les cinq organisations s’entendent sur la nécessité pour le gouvernement d’accélérer la modernisation de ses programmes de gestion des risques pour les adapter à la nouvelle réalité.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Frédéric Jean

Frédéric Jean

Journaliste

Frédéric Jean est rédacteur agréé et consultant scientifique pour des projets de recherche et développement. Il développe à travers sa compagnie Canopée des systèmes d’épandage par drone pour la lutte biologique.