OGM : réaction des agriculteurs américains contre la nouvelle législation de l’UE

Publié: 4 juillet 2003

Washington (États-Unis), 3 juillet 2003 – L’adoption par le Parlement européen de règles sur la traçabilité des OGM dans les produits agricoles n’enlève rien à la détermination de l’administration et des agriculteurs américains de poursuivre leur lutte pour la levée de toute restriction à leurs exportations.

Le vote du Parlement européen « aujourd’hui ne lève pas le moratoire illégal sur les produits biotechnologiques », a déclaré Richard Mills, le porte-parole du Représentant américain pour le Commerce Robert Zoellick. L’administration américaine « soutient la possibilité pour les consommateurs d’être informés sur les produits qu’ils achètent de façon à ce qu’ils puissent faire des choix », a-t-il souligné, en ajoutant que c’était ce qu’elle « faisait depuis des années ». « Mais, a-t-il ajouté, cette information ne devrait pas être préjudiciable dans sa présentation et devrait être réalisable pour le producteur ». « Nous craignons, a indiqué M. Mills, que les règles d’étiquetage et de traçabilité ne répondent pas à ces normes ».

« Les règles de traçabilité et d’étiquetage ne font que compliquer l’affaire », a affirmé Ron Gaskall, l’expert des questions commerciales de la Farm Bureau Federation, l’une des principales organisations agricoles américaines. « Nous pensons qu’elles sont tout autant en contradiction avec l’accord obtenu à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur les barrières commerciales et les mesures sanitaires et phytosanitaires que le moratoire lui-même », a ajouté ce responsable. Les nouvelles règles votées par les eurodéputés imposent un étiquetage des produits agricoles contenant au moins 0,9% d’organismes génétiquement modifiés.

Selon les Européens, l’adoption de ces nouvelles règles devrait ouvrir la voie à la levée du moratoire observé depuis 1998 par plusieurs pays de l’Union européenne, dont la France, sur les importations de produits transgéniques. Washington a porté plainte le 13 mai devant l’OMC contre le moratoire européen. Les deux parties ont depuis entamé une première série de consultations.

Selon l’Association des producteurs de maïs américain, les nouvelles règles « vont conduire à de nouvelles entraves au libre commerce et au commerce équitable entre les agriculteurs américains et les consommateurs européens ». « C’est un pas en arrière et cela n’améliorera pas la situation à la lumière du moratoire sur les produits contenant des OGM », a souligné Hayden Milberg, l’expert pour le commerce de cette association.

« Il n’y a pas eu d’évaluation scientifique des risques avant l’établissement de cette limite de 0,9%, qu’est ce qui fait que ce chiffre de 0,9 est meilleur que 0,5 ou 3% ? », a renchéri M. Gaskall. Selon lui, cet étiquetage pour signaler la présence d’au moins 0,9% d’OGM « est commercialement impossible à réaliser ». « La création de ce système d’étiquetage et de traçabilité va certainement augmenter les coûts pour les producteurs alimentaires américains qui exportent vers la communauté européenne », a-t-il ajouté. « Etablir un système de traçabilité qui n’existe pas actuellement et alors qu’il n’y a pas d’impératif de santé pour le faire, cela ne semble pas raisonnable », a insisté M. Gaskall.

Selon ce responsable, ces nouvelles règles européennes « ont un impact sur le commerce qui est disproportionné par rapport au risque, simplement parce qu’il n’y a pas de risque » avec les OGM. Environ un tiers du maïs récolté aux Etats-Unis contient des organismes génétiquement modifiés, de même que près de 70% du coton et trois quarts du soja, selon la Farm Bureau Federation. Cette dernière affirme que des tests scientifiques ont prouvé que les produits contenant des OGM ne présentent pas de danger pour la santé. « Nous n’allons pas nous lancer dans une guerre commerciale totale (…) nous sommes engagés à lutter contre le moratoire par tous les moyens légaux et nous osons espérer que les Européens vont lever ce moratoire le plus tôt possible », a conclu Hayden Milberg.

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Source : AFP