Charm el-Cheikh (Egypte), 21 juin 2003 – Les ministres du Commerce de 30 pays tentaient à Charm el-Cheikh en Egypte d’aplanir leurs différends sur le dossier agricole, dont dépend largement le succès du cycle de négociations de Doha.
Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Supachai Panitchpakdi, a prévenu les ministres que « le temps presse » pour trouver une solution à leurs différends sur ce dossier, a affirmé son porte-parole Keith Rockwell à la presse.
M. Supachai « n’a pas vu de changement significatif dans les positions au cours de cette réunion ou de réunions précédentes, depuis Sydney » où l’OMC s’était réunie en novembre 2002, a ajouté M. Rockwell.
« Comme l’agriculture est la clé, ce n’est pas bon pour le reste du cycle » de Doha, a averti M. Rockwell, qualifiant le message de M. Supachai de « dur et direct ».
Alors que M. Supachai n’a pas désigné de pays ou de bloc comme étant à l’origine des différends, le représentant américain pour le Commerce Robert Zoellick s’en est pris à l’Union européenne (UE).
« De nos discussions aujourd’hui ressort qu’il est clair que l’agriculture est le coeur et l’âme du développement de l’agenda de Doha », a affirmé M. Zoellick, selon un communiqué remis à la presse.
« Il est devenu clair que (le fait que) nous avançons ou que nous restons bloqués dépend beaucoup de l’Union européenne », indique-t-il.
« Comme les Etats membres de (l’UE) examinent des réformes dans la politique agricole européenne, nous espérons qu’ils comprendront à quel point la réforme des marchés agricoles est vitale pour les pays en voie de développement en Asie, au Moyen Orient, en Amérique latine et en Afrique », a-t-il ajouté.
« Nous n’allons pas aller de l’avant (…) dans d’autres domaines si nous ne voyons pas de progrès dans l’agriculture », a déclaré, pour sa part, le ministre australien du Commerce, Mark Vaile.
« Nous avons passé 18 mois (depuis la réunion de Doha). Nous avons raté toutes les échéances. Nous sommes à 50 jours de Cancun », a-t-il averti.
Pourtant, le chef de l’OMC s’est montré, plus tard dans la journée, plus optimiste. « Je dirais que nous avons avancé pour réduire l’écart entre les positions (sur l’agruculture) », a-t-il déclaré à la presse.
La réunion de Charm el-Cheikh, qui doit s’achever dimanche, s’inscrit dans le cadre des préparatifs à la réunion ministérielle de l’OMC en septembre à Cancun (Mexique), qui doit passer en revue l’application du cycle de négociations commerciales de trois ans ouvert à Doha en novembre 2001.
Elle intervient alors que les Etats-Unis ont rejeté vendredi sur l’Union européenne la responsabilité de l’impasse des négociations à l’OMC, en affirmant qu’une réforme des subventions versées aux agriculteurs européens était la clé d’un accord.
« Le message qui nous parvient clairement de toutes parts est que la clé d’un progrès significatif est l’agriculture et que le groupe qui détient cette clé est l’Union européenne », a déclaré à la presse le représentant adjoint américain pour le commerce Peter Allgeier.
Les ministres de l’Agriculture des Quinze ont une nouvelle fois échoué à trouver un compromis sur la réforme de leur Politique agricole commune (PAC) jeudi à Luxembourg. Ils doivent se retrouver mercredi prochain pour tenter de dénouer la situation.
« La balle est dans le camp des membres de l’UE », a déclaré Arancha Gonzalez, porte-parole du commissaire européen chargé du Commerce Pascal Lamy, ajoutant toutefois que « l’ambiance n’est pas particulièrement agressive, vis-à-vis de l’UE ».
Le cycle de Doha a pour objectif d’établir une approche plus équitable des échanges économiques entre pays développés et pays en voie de développement.
Mais jusqu’à présent les Etats qui ont lancé ce cycle ne sont pas parvenus à s’entendre sur les moyens de faire tomber les barrières douanières d’ici à la date prévue, fin 2004.
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Source : AFP