Pour un agriculteur, un éleveur ou un maraîcher, la priorité, on le sait, c’est de consacrer son temps à son activité, surtout parce qu’on est dans le domaine du vivant et, qu’à ce chapitre, sacrifier des heures à sa production pour rédiger de la paperasse peut faire chavirer une entreprise.
Il y a eu des manifestations d’agriculteurs partout au Québec dernièrement et parmi les principaux irritants, il y a la lourdeur administrative.
Le Bulletin des agriculteurs a fait une entrevue avec Sonia Laganière, copropriétaire de la ferme Fanico inc. à Champlain, au Centre-du-Québec. Elle nous parle de son quotidien devant son ordinateur pour assurer l’administration de son exploitation.
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Le Bulletin : Vous pouvez me faire un petit profil de votre exploitation?
Sonia Laganière : Nous avons un troupeau Holstein comptant 103 vaches en lactation, nous détenons présentement 156 kg de quota en production laitière et nous récoltons sur 490 acres de terres. Nous employons aussi trois employés étrangers.
Le Bulletin : Quand vous calculez le nombre d’heures sur la ferme et le nombre d’heures en administration, à combien estimez-vous le pourcentage au bureau?
Sonia Laganière : Je dirais environ 15-20%, mais c’est très variable, il y a des mois où on peut passer une semaine sur l’ordinateur pour obtenir une subvention et puis, l’autre semaine, passer seulement quelques heures de comptabilité. Mais, j’ai la chance d’avoir ma mère qui m’aide trois heures par semaine. Sans elle, ce serait plus lourd encore pour moi d’administrer la ferme. Je fais des semaines de minimum 60 heures, alors sa contribution est appréciée.
Le Bulletin : Gérer une ferme, ça suppose une gestion serrée des intrants, des extrants, mais également des normes gouvernementales, comment vous débrouillez-vous avec ces contraintes?
Sonia Laganière : C’est sûr que c’est au provincial qu’il y a le plus de règles, et donc plus de paperasse. Lorsque mes parents exploitaient la ferme, les règlements étaient moins sévères. Ils avaient aussi moins de documents à compléter, mais c’est correct que le MAPAQ soit vigilant. Les lois sont plus restrictives qu’avant, notamment au niveau de l’environnement et des modes d’élevage. Ça demande, par contre, plus de temps de bureau…
Le Bulletin : Donc, en dehors des demandes de subventions, de la gestion des normes et de la comptabilité régulière pour une ferme, vous trouvez ça supportable?
Sonia Laganière : Oui et non parce qu’il y a, par exemple, de la lourdeur au niveau du processus et exigences des Études d’impact sur le marché du travail (EIMT) pour les travailleurs étrangers. L’UPA en collaboration avec l’organisme FERME m’aide au niveau de la paperasse pour l’embauche des travailleurs étrangers. C’est lourd pour nous parce que les durées de séjour sont limitées, et donc il faut sans cesse débourser pour avoir cette aide qui nous est si utile. Je ne comprends pas pourquoi ce processus ne pourrait pas être simplifié et plus rapide pour des employeurs de confiance!