TET : comment assurer une intégration réussie

Soyez vigilant aux signaux qui pourraient indiquer que votre travailleur est en difficulté d’intégration

Publié: 16 avril 2024

En 2022, le nombre de travailleurs étrangers temporaires (TET) agricoles au Québec s’élevait à 21 531, soit une hausse de plus de 20% par rapport à 2021.

De plus en plus, les entreprises agricoles ont recours à de la main-d’œuvre étrangère pour combler leurs besoins. En 2022, le nombre de travailleurs étrangers temporaires (TET) agricoles au Québec s’élevait à 21 531, soit une hausse de plus de 20% par rapport à 2021.

Dans ce contexte, les entreprises agricoles ont tout intérêt à bien comprendre les défis que comporte la venue de ces travailleurs afin de favoriser leur intégration, car leur satisfaction et leur engagement auront un impact direct sur la productivité de l’entreprise.

Comprendre le bouleversement de son travailleur

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Bien que certains TET s’y préparent, il n’en demeure pas moins que leur arrivée au Québec demande un temps d’adaptation. Ils doivent entre autres se familiariser avec la culture (habitudes, coutumes, normes, etc.), le climat nordique et la langue. Loin de leurs proches et de leur famille, leur nouvelle réalité est déstabilisante. Certains devront cuisiner et entretenir un logement pour la première fois, ou encore partager un hébergement avec des inconnus. Comme employeur, il est essentiel d’être sensible à cette réalité.

Il est bon de garder en tête que ce qui est normal dans une culture, ne l’est pas nécessairement dans une autre. Par exemple, dans la vie quotidienne, il est courant pour les hispanophones de payer en argent comptant plutôt qu’avec une carte bancaire, de négocier le prix du taxi ou d’un transport, ou encore de monter dans un autobus en écoutant de la musique très forte, ce qui est moins habituel au Québec.

Soutenir son travailleur

Le processus d’adaptation à travers lequel passeront les TET est constitué de hauts et de bas; ce qui est tout à fait normal. Certains ont plus de facilité que d’autres à s’adapter. Soyez vigilant aux signaux qui pourraient indiquer que votre travailleur est en difficulté d’intégration (isolement/retrait, déprime, tristesse, manque d’intérêt pour le travail ou pour les activités sociales, hygiène négligée, etc.) et veillez à agir en conséquence. Être indulgent face aux changements d’humeur est un incontournable, dans la mesure où le respect demeure.

D’autres éléments à considérer pour une intégration réussie

  1. La barrière de la langue

Franchir la barrière linguistique n’est pas toujours facile; or ce n’est pas impossible! Assurer une bonne intégration des TET nécessite de mettre en place quelques astuces pour y parvenir, notamment : éviter les longues phrases, faire des pauses fréquentes (bien accueillir les silences), reformuler les expressions, se méfier des « oui », faire répéter et expliquer en action.

2. Courtoisie, hiérarchie et relations hommes-femmes

Saluer tous ses collègues est de coutume pour les hispanophones. Il est donc bien vu, de la part de tout employeur, de prendre le temps de saluer convenablement ses travailleurs en début et en fin de journée. Un départ hâtif pourrait suggérer que la compagnie de l’autre n’a pas été appréciée. Aussi, les hispanophones ont souvent quatre noms (deux prénoms et deux noms de famille). Le choix du prénom utilisé peut varier selon le contexte. Il est important de leur demander quel prénom ils désirent utiliser dans le cadre du travail.

De plus, la hiérarchie étant importante pour les hispanophones, il ne faut pas s’étonner d’entendre un TET appeler son employeur « patron » ou « patrón ». Il s’agit pour lui d’une marque de respect. Il peut aussi être normal pour eux d’attendre que le superviseur leur donne des directives au détriment de la prise d’initiatives personnelles. Au sein d’un groupe d’hispanophones, une hiérarchie peut également s’installer naturellement entre eux en fonction de leur scolarité, leur langue, etc. Dès leur arrivée, il sera facilitant de clarifier le processus de prise de décision en milieu de travail et le statut égalitaire des travailleurs.

Pour ce qui est des relations entre hommes et femmes, il est habituel pour les hommes de culture hispanophone de dire des flatteries, ou « piporos », aux femmes, ce qui est moins bien vu ici. Établir des limites claires avec eux dès leur arrivée pourrait contribuer à prévenir des situations gênantes.

3. La cuisine, la famille et les activités sociales

Trouver le bon équilibre entre travail et vie personnelle contribue à une intégration réussie. Il ne faut donc pas négliger l’importance de leur vie sociale en dehors du travail afin de conserver leur motivation. Comme employeur, pour briser l’isolement, il peut être astucieux de : promouvoir les activités de sa municipalité afin qu’ils aillent s’y divertir, indiquer les endroits où habituellement d’autres TET s’y trouvent ou même organiser de petites activités (sportives, culturelles, etc.). 

Par exemple, la cuisine est pour eux une source de fierté et une occasion de socialiser. Faites-leur découvrir les spécialités de chez vous et acceptez ce qu’ils vous offrent. La relation de confiance se construira à travers ces petites attentions culinaires!

La famille demeure aussi une valeur très présente pour la majorité des travailleurs hispanophones. Aller travailler à l’étranger loin de leurs proches est un grand sacrifice que les travailleurs font pour elles. Démontrer de l’intérêt envers leur famille contribuera aussi à tisser des liens avec vos travailleurs.

Prendre le temps

Enfin, il va sans dire qu’un bon processus d’accueil et d’intégration demande du temps. Or, celui-ci engendre un retour sur investissement qui mérite de s’y attarder. Un travailleur étranger dans une entreprise agricole est là pour apporter une importante contribution, on doit ainsi s’assurer de son bien-être tant physique que psychologique.

Astuces supplémentaires afin de favoriser l’intégration des TET

•          Organiser une activité d’accueil informelle.

•          Établir un registre TET incluant leurs coordonnées et leurs contacts en cas d’urgence.

•          Identifier clairement les personnes auxquelles ils peuvent se référer en cas de question.

•          Former les TET sur l’utilisation adéquate des commodités de leur logement et des règles d’hygiène.

•          Expliquer les divers aspects administratifs (par ex. : politiques de l’entreprise, l’utilisation du « punch », talon de paie, horaire de travail, etc.).

*Article rédigé par AGRIcarrières.

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