Patenteux des temps modernes

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Publié: 17 octobre 2023

Hubert Steben-Chabot et André Chabot sont des patenteux des temps modernes. Ils utilisent les technologies disponibles pour faire des économies.

Propriétaire du potager les Koasseux depuis cinq ans, Hubert Steben-Chabot produit une trentaine de paniers de légumes par semaine et vend l’excédent à des restaurants notamment. La production, bien que petite, demande une présence à temps plein durant la belle saison. Comment y arriver? En économisant partout où il est possible de le faire et surtout, en faisant une utilisation ingénieuse de la technologie.

D’entrée de jeu, le producteur confesse qu’il n’est pas un fervent amateur de l’ordinateur et de la technologie. Pour l’aider à apprivoiser cet univers, il peut compter sur son père, André Chabot, un ancien analyste informatique à la retraite qui s’ennuie et à qui il donne le défi de concevoir les systèmes de l’entreprise.

Une imprimante 3D à la rescousse  

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Premier outil incontournable : une imprimante 3D. Le producteur l’utilise pour remplacer du matériel ou pour en créer sur mesure. «Chaque roue de mon semoir me coûte en moyenne 40 $ à changer. Grâce à l’imprimante, elles me reviennent à 1,50 $. Étant donné que le modèle change en fonction des cultures, l’économie d’échelle n’est pas à négliger.»

En tout, tous les ans, ce sont de 50 à 60 pièces qui sont imprimées pour des économies qu’il estime à au moins 5000 $. Seul bémol, toutes les pièces ne se prêtent pas à l’impression et leur durabilité est moindre.

Une imprimante 3D est utilisée pour imprimer des roues de semoir à moindre coût.

Une porte de poulailler automatisée

L’agriculteur habite à une trentaine de minutes de son entreprise. L’obligation d’être sur place matin et soir pour ouvrir la porte du poulailler à ses 24 poules commençait à peser sur son moral. Pour se défaire de cette charge mentale, l’ingénieux producteur a aussi mis sur pied un système qui permet à la porte de s’ouvrir et de se fermer au lever et au coucher du soleil.

André Chabot a conçu un système qui comprend un microcontrôleur, une horloge et un petit moteur. «En tout, on parle de 50$ de pièces achetées sur Internet. Au lieu d’un système déjà fait à 500$. On a imprimé la boîte qui maintient le contrôleur, on a programmé l’horloge pour que les heures de lever et de coucher du soleil correspondent à notre emplacement.» 

Voyez le fonctionnement de la porte en vidéo.

Pas d’électricité? Aucun problème!

Le champ d’Hubert est éloigné des installations d’Hydro-Québec. Pour lui, pas question de payer 12 000$ pour accéder à cette source d’énergie. La solution? L’installation de panneaux solaires. Ceux-ci servent autant à alimenter la clôture électrique qu’à alimenter son bureau et sa serre. Quant à sa serre, celle-ci a aussi fait l’objet d’une automatisation. Les auvents se ferment et s’ouvrent grâce à un contrôle maison.

Les deux complices ont mis sur pied un système d’automatisation de la serre. Les auvents se ferment et s’ouvrent grâce à un contrôle maison.

Une salle de lavage et une chambre froide à petit prix

Hubert ne manque pas d’idées pour améliorer ses installations. Il vient tout juste d’acheter un nouveau conteneur qui servira cette fois de salle de lavage et de chambre froide. Encore là, pas question de dépenser une fortune. La chambre froide sera refroidie avec un air conditionné.

Pour Hubert, il est impensable de vendre des légumes recouverts de terre. Il lave sa production dans un bassin dans lequel il a installé des tuyaux percés. Un moteur de souffleur à feuille se charge de faire des bulles dans la cuve lavant ainsi délicatement la production.  «Il a fallu dessiner un adaptateur pour que le moteur du souffleur puisse s’arrimer avec le tuyau. Une fois fait, tout fonctionne à merveille», explique André Chabot.      

Voyez le fonctionnement de la salle de lavage en vidéo.

Pour Hubert Steben-Chabot, l’usage de la technologie est une façon de s’acheter du sommeil, d’amoindrir le poids de la charge mentale tout en faisant des économies. «C’est innover pour survivre.»   

Un article présentant toutes les astuces et innovations permettant des économies à la ferme est publié dans le magazine de septembre du Bulletin des agriculteurs. Vous n’êtes pas encore abonné? Remédiez à la situation en cliquant ici.