Statistiques sur le revenu agricole net en 2005

Publié: 26 novembre 2006

Ottawa (Ontario), 24 novembre 2006 – Le revenu net réalisé des agriculteurs canadiens a chuté en 2005 pour atteindre son plus bas niveau enregistré depuis 2003, à la suite de deux années de sécheresse et de plus de deux années de lutte contre les restrictions commerciales liées à l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

Le revenu net réalisé, soit la différence entre les recettes monétaires et les dépenses d’exploitation des agriculteurs, moins l’amortissement, plus le revenu en nature, a baissé de 14,2 % pour se fixer à 1,9 milliard de dollars. Ce chiffre était inférieur de 16,4 % à la moyenne quinquennale précédente (2000 à 2004).

Terre-Neuve-et-Labrador et la Saskatchewan ont affiché une forte croissance au chapitre du revenu net réalisé en 2005. En Colombie-Britannique et en Alberta, le revenu net réalisé a chuté de plus de 50 % et de 60 % respectivement, à la suite d’augmentations importantes en 2004.

Les recettes monétaires agricoles totales au chapitre du bétail et des cultures et des paiements de programmes ont crû de 0,8 % en 2005. L’augmentation des recettes des bovins et des veaux a plus que compensé le recul des recettes des cultures et des porcs. Les recettes des producteurs de cultures ont régressé de 6,9 %, ce qui s’explique principalement par l’affaissement des prix.

Entre-temps, les dépenses d’exploitation agricole ont quant à elles progressé de 1,7 %, en raison de la croissance des coûts du carburant pour les machines, des engrais et des achats de bétail.

Le revenu net réalisé peut varier considérablement d’une exploitation à l’autre, en raison de facteurs comme les élevages ou les cultures choisis, les prix et les conditions climatiques. Ce concept ne tient pas compte de la valeur de la variation des stocks à la ferme. Il s’agit d’une mesure du revenu d’exploitation de la ferme, mais pas du revenu du ménage. Pour obtenir plus de détails sur les recettes monétaires agricoles au cours des trois premiers trimestres de 2006, voir le communiqué «Recettes monétaires agricoles» publié aujourd’hui dans Le Quotidien.

L’augmentation des recettes des bovins fait majorer les recettes monétaires du marché
Les recettes monétaires du marché, soit les recettes provenant de la vente de cultures et de bétail, ont augmenté de 0,7 % pour atteindre 31,8 milliards de dollars en 2005. Le principal facteur a été la hausse des recettes pour les bovins, particulièrement pendant la deuxième moitié de l’année.

Les producteurs de bovins ont réalisé la meilleure croissance, leurs recettes ayant grimpé de 25,2 % pour atteindre 6,3 milliards de dollars. Cette hausse était en grande partie attribuable à la reprise, le 18 juillet 2005, du commerce des bovins vivants de moins de 30 mois avec les États-Unis. Toutefois, les recettes des bovins étaient tout de même inférieures de 2,6 % à la moyenne quinquennale précédente, qui comprenait la période de l’ESB.

Les recettes tirées du commerce international des bovins et des veaux vivants sont passées de zéro en 2004 à 624 millions de dollars dans la deuxième moitié de 2005. Ce chiffre correspond à 3,4 % des recettes totales du bétail et à environ 9,8 % des recettes totales des bovins et des veaux. La réouverture de la frontière a aussi contribué à soutenir les prix des bovins et des veaux vendus sur le marché intérieur. Les prix moyens des bovins pour l’abattage ont monté de 8,2 %, tandis que le prix moyen des animaux d’engraissement a crû de 25,8 % par rapport à 2004.

Les recettes des porcs ont chuté de 7,9 % par rapport à 2004 pour s’établir à 3,9 milliards de dollars, sous l’effet de la baisse des prix et d’une diminution des mises en marché pour l’abattage au Canada et pour les exportations internationales. Malgré ce recul, les recettes porcines sont demeurées supérieures de 8,3 % à la moyenne quinquennale précédente.

Les produits assujettis à la gestion de l’offre ont représenté près de 40 % des recettes totales du bétail en 2005. Les recettes pour les poulets et les dindons ont augmenté, tandis que celles provenant des oeufs ont diminué. Les recettes du lait et de la crème ont crû de 5,3 %, grâce à la hausse des prix de 6,6 %.

Après s’être redressées en 2004, les recettes des cultures ont reculé de 6,9 % en 2005. Elles ont été inférieures de 2,6 % à la moyenne quinquennale précédente. L’abondance des approvisionnements mondiaux de céréales, y compris les approvisionnements canadiens de céréales de moindre qualité provenant de la récolte de 2004, conjuguée à la vigueur du dollar canadien, a eu pour effet d’abaisser les prix, les ramenant dans certains cas à des creux presque inégalés.

Les recettes du blé (sauf le blé dur) ont chuté de 21,4 % pour s’établir à 1,9 milliard de dollars, les prix ayant dégringolé de 22,7 % par rapport aux niveaux de 2004 et de 28,2 % comparativement à la moyenne quinquennale précédente. Les agriculteurs ont tiré 1,9 milliard de dollars du canola, en baisse de 13,7 % par rapport à 2004. Les livraisons ont augmenté de 14,2 % en 2005, tandis que les prix ont fléchi de 24,4 %.

Les paiements de programmes ont crû de 1,7 % pour atteindre un sommet de 4,9 milliards de dollars, ce qui représente 13,4 % des recettes brutes totales. Il s’agit de la troisième année consécutive au cours de laquelle les paiements de programmes s’élèvent à de nouveaux sommets, et le niveau de 2005 était de 25,4 % supérieur à la moyenne quinquennale précédente.

Les agriculteurs ont touché des paiements élevés dans le cadre du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole et du Programme de paiements relatifs au revenu agricole. Ces paiements ont fait contrepoids à la baisse des retraits du Compte de stabilisation du revenu net et à la réduction des paiements de stabilisation des provinces. Les programmes fédéraux et provinciaux ont réagi aux difficultés qu’ont connues les secteurs des bovins, des céréales et des oléagineux par des paiements aux producteurs touchés.

Au total, les agriculteurs ont reçu 36,8 milliards de dollars des trois sources, soit les recettes du bétail et des cultures et les paiements de programmes, en hausse de 0,8 % comparativement au sommet précédent atteint en 2004.

Dépenses d’exploitation : La flambée des prix de l’énergie a un gros impact
Les dépenses d’exploitation agricole ont crû de 1,7 % à l’échelle nationale. Au cours des cinq dernières années, les dépenses d’exploitation agricole ont affiché des hausses annuelles moyennes de 2,7 %. La flambée des prix de l’énergie a été le principal facteur. La plupart des autres postes de dépenses ont aussi augmenté, mais une forte diminution des coûts des aliments pour animaux a tempéré la progression.

Les dépenses ont crû dans toutes les provinces, sauf au Québec et au Manitoba, où elles ont diminué très légèrement, essentiellement en raison de la baisse des coûts des aliments. Ailleurs, l’augmentation des dépenses a varié entre un creux de 1,2 % en Nouvelle-Écosse et un sommet de 4,8 % en Colombie-Britannique.

Près des deux tiers de l’accroissement des dépenses d’exploitation brutes sont attribuables au niveau record des coûts du carburant, qui ont dépassé de 17,3 % les niveaux atteints en 2004.

Les prix des bovins et des veaux ont augmenté après la réouverture de la frontière américaine au commerce des bovins vivants, ce qui a donné lieu à une croissance de 24,0 % des coûts d’achat du bétail.

Les salaires en espèces ont poursuivi leur progression à long terme, atteignant 3,9 milliards de dollars en 2005, soit une hausse annuelle de 2,6 % comparativement à une augmentation de 1,3 % en 2004.

La croissance des prix a aussi entraîné une augmentation de 3,0 % des dépenses en engrais.

Étant donné l’augmentation de l’endettement (hypothécaire et non hypothécaire), les frais d’intérêts se sont accrus de 4,3 % pour se situer à 2,4 milliards de dollars. Il s’agit de la première augmentation depuis 2000.

Par contre, la baisse des prix des céréales et des oléagineux a donné lieu à une réduction des prix des aliments pour animaux. Les coûts des aliments pour animaux ont fléchi de 11,0 % pour s’établir à 4,3 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau enregistré depuis 2000.

La diminution des stocks à la ferme réduit le revenu net total
Après avoir connu deux années d’augmentations, le revenu net total a chuté de 35,5 % pour se fixer à 2,6 milliards de dollars en 2005. Le revenu net total corrige le revenu net réalisé en fonction des variations des stocks de cultures et de bétail à la ferme.

Malgré la croissance des stocks de céréales et d’oléagineux à la ferme, qui sont maintenant nettement supérieurs aux moyennes décennales, les baisses de prix des céréales et des oléagineux en 2005 ont atténué l’augmentation de la valeur des stocks de cultures par rapport à 2004.

Une légère baisse des stocks de bovins et de veaux à la ferme a aussi ralenti la progression globale dans les stocks à la ferme.

Revenu agricole net
 2004r2005r2004 à 2005
 en millions de dollarsvariation en %
+ Recettes monétaires agricoles totales, y compris les paiements36 45836 7580,8
– Dépenses d’exploitation totales après remises29 81530 3341,7
= Revenu net comptant6 6446 423-3,3
+ Revenu en nature12814814,9
– Frais d’amortissement4 5014 6222,7
= Revenu net réalisé2 2711 949-14,2
+ Valeur de la variation des stocks1 797677
= Revenu net total4 0682 625-35,5
rrévisé
n’ayant pas lieu de figurer

Revenu agricole net
 CanadaT.-N.-L.Î.-P.-É.N.-É.N.-B.QcOnt.Man.Sask.Alb.C.-B.
 en millions de dollars
2004r           
+ Recettes monétaires agricoles totales, y compris les paiements36 458883494524186 3058 6173 8535 9508 0242 402
– Dépenses d’exploitation totales après remises29 815833223823645 0487 3283 1395 0116 1911 946
= Revenu net comptant6 64462771541 2571 2897149391 832456
+ Revenu en nature12801224235913167
– Frais d’amortissement4 50163852445831 0804049191 115261
= Revenu net réalisé2 2710-9211271624531832734202
+ Valeur de la variation des stocks1 79716-1-9127322-58890544-25
= Revenu net total4 0681-32038435662609221 278177
2005r           
+ Recettes monétaires agricoles totales, y compris les paiements36 758913704604316 1918 9363 7996 2557 8412 384
– Dépenses d’exploitation totales après remises30 334853323863754 9447 4853 0915 1546 4442 039
= Revenu net comptant6 42373874561 2471 4517081 1021 397345
+ Revenu en nature148112239491210247
– Frais d’amortissement4 62264054466201 1164119161 148265
= Revenu net réalisé1 9491-1221266638430919627387
+ Valeur de la variation des stocks6770-22-110-2240-234656295-43
= Revenu net total2 6251-2321226444247585156843
rrévisé
Nota: Les chiffres ayant été arrondis, la somme peut ne pas correspondre aux totaux indiqués.

Note aux lecteurs
Le revenu net comptant mesure les mouvements de l’encaisse d’une exploitation agricole (les recettes monétaires agricoles moins les dépenses d’exploitation) découlant de la production de produits agricoles. Il représente le montant disponible pour le remboursement des dettes, l’investissement ou les retraits par le propriétaire.

Le revenu net réalisé mesure les flux financiers, en espèces ou non, de l’entreprise agricole, comparable à un état des résultats (le revenu net comptant moins l’amortissement plus le revenu en nature). Le revenu net réalisé représente le revenu net tiré de transactions dans une année donnée et inclut la vente de produits, indifféremment de l’année dans laquelle ils ont été produits.

Le revenu net total mesure les flux financiers et la variation des stocks des exploitations agricoles (le revenu net comptant moins l’amortissement plus le revenu en nature et la valeur de la variation des stocks). Le revenu net total attribue une valeur à la production économique agricole au cours de l’année où les produits agricoles ont été produits. Il représente le rendement des capitaux propres, la main-d’oeuvre non rémunérée, la gestion et le risque.

Les recettes monétaires agricoles mesurent le revenu brut des exploitations agricoles en dollars courants. Elles comprennent les ventes de productions végétales et animales (sauf les ventes entre les exploitations agricoles d’une même province) et les paiements de programme. Les recettes sont comptabilisées lorsque l’argent est versé aux agriculteurs, avant déduction des dépenses.

Les dépenses d’exploitation agricole représentent les frais d’exploitation qu’engagent les exploitations agricoles pour les biens et les services qu’elles utilisent dans la production de produits agricoles. Les frais sont comptabilisés lorsque l’agriculteur débourse les fonds.

Les publications Revenu agricole net : statistiques économiques agricoles, vol. 5, no 2 (21-010-XIF, gratuite), Recettes monétaires agricoles : statistiques économiques agricoles, vol. 5, no 2 (21-011-XIF, gratuite), Dépenses d’exploitation agricoles et frais d’amortissement : statistiques économiques agricoles, vol. 5, no 2 (21-012-XIF, gratuite), Valeur du capital agricole : statistiques économiques agricoles, vol. 5, no 2 (21-013-XIF, gratuite) et Dette agricole en cours : statistiques économiques agricoles, vol. 5, no 2 (21-014-XIF, gratuite) sont maintenant accessibles à partir du module Publications de notre site Web. Sous Publications Internet gratuites, choisissez Agriculture.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/

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