Suisse : paysans, consommateurs et défenseurs de l’environnement pour le moratoire sur les OGM

Publié: 4 octobre 2005

Berne (Suisse), 28 septembre 2005 – Trente-deux organisations paysannes, de défense des consommateurs et de protection de l’environnement ont lancé à Berne une campagne en faveur de l’initiative « Pour des aliments produits sans manipulations génétiques », qui demande l’interdiction pendant cinq ans de l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés, tant végétaux qu’animaux.

L’initiative, sur laquelle le peuple et les cantons suisses se prononceront le 27 novembre prochain, est par ailleurs soutenue par une centaine de parlementaires.

Lors de la conférence de presse, les promoteurs de l’initiative « Sans OGM » ont souligné que la recherche scientifique n’était pas concernée par le moratoire.

Selon Simonetta Sommaruga, membre du Conseil des Etats (chambre haute du Parlement suisse) et l’une des promotrices de l’initiative, l’étendue du comité de soutien est le signe d’un futur succès. Paysans, consommateurs, organisations de protection de l’environnement et de coopération au développement, estime-t-elle, « tirent tous à la même corde ».

Dans la plupart des pays européens, selon la conseillère aux Etats bernoise, les sondage arrivent à la même conclusion: près des trois quarts de la population ne veulent pas d’OGM dans le secteur alimentaire.

C’est le refus des OGM par la majorité des consommateurs qui est le motif essentiel du soutien des organisations paysannes à l’initiative. Pour le président de l’Union suisse des paysans (USP), le député UDC (droite populiste) Hansjörg Walter, les paysans n’ont aucun intérêt à proposer des produits dont les consommateurs ne veulent pas. Il a par ailleurs souligné que le nouveau label « Suisse Garantie » excluait les produits avec OGM.

Le conseiller national PDC (centre-droit) genevois Luc Barthassat, agriculteur et vigneron, a lui aussi relevé que la majorité des consommateurs romands ne voulaient pas d’OGM dans leurs aliments. Selon lui, la crise de la vache folle doit inciter à la prudence avec les OGM en agriculture.

Producteur de fromages à pâte molle, l’industriel Stephan Baer a pour sa part noté que les progrès réalisés dans les analyses génétiques avaient permis d’améliorer les végétaux et les semences sans passer par des manipulations du patrimoine héréditaire. A ses yeux, il faut des limites claires aux OGM et le moratoire laisse le temps d’en fixer.

Le 27 novembre prochain, l’agriculture suisse ne sera pas la seule concernée, a fait valoir selon Simonetta Sommaruga. De nombreux pays du Sud vont observer le résultat du vote en Suisse. Pour les associations d’aide au développement, les brevets sur les semences réduisent en effet l’autonomie des paysans des pays en développement.

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Source : AP