Rincer, frotter ou peler les légumes ne prend que quelques instants. Pourtant, de moins en moins de gens sont enclins à le faire. Afin de gagner quelques précieuses minutes, un nombre croissant de consommateurs préfère acheter des aliments lavés, coupés et prêts à consommer, pour faciliter la préparation des repas. Cette tendance est si importante qu’elle a littéralement changé l’offre alimentaire des grandes chaînes d’alimentation qui, à leur tour, ont forcé les producteurs agricoles à s’adapter.
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« Les producteurs et les transformateurs ont pris la relève (dans la cuisine), explique Claude Laniel, directeur général du Conseil québécois de l’horticulture. On nous demande de faire dix fois plus, mais sans payer plus cher pour autant. »
Le réseau de distribution alimentaire est devenu extrêmement sophistiqué et exigeant. Les légumes racines doivent avoir été rigoureusement nettoyés s’ils veulent franchir le seuil des grandes surfaces.
Entre le marteau et l’enclume
« C’est un peu dichotomique, car d’un côté on nous demande de protéger l’environnement et d’un autre on nous demande que ce soit davantage emballé, aseptisé, ajoute Claude Laniel. Acheter des légumes coupés dans une barquette de plastique, est-ce vraiment bon pour l’environnement? »
La tendance de consommation favorisant les aliments déjà lavés a exigé des installations beaucoup plus complexes, des normes de salubrité sévères. La responsabilité de l’industrie s’étend bien au-delà des murs de l’entreprise. Les énormes volumes d’eau requis pour le lavage et le conditionnement postrécolte doivent être traités avant d’être rejetés dans l’environnement.
Pour le moment, il y a peu de problèmes de qualité d’eau au Québec, précise Claude Laniel. La plupart des producteurs se servent de l’eau de la nappe phréatique et sa qualité est excellente. Le but est donc de la garder ainsi.
Signe des temps?
Le Potager Mont-Rouge dépense 2,50 $ pour le lavage et l’emballage de chaque boîte de 10 à 12 courges (toutes variétés confondues, pensant environ 35 lb chacune) vendue chez Loblaw. En plus de les débarrasser de résidus de terre argileuse, le lavage permet de coller des étiquettes, une autre exigence requise pour la traçabilité.
Nous connaissons aujourd’hui cinq fois plus d’agents pathogènes qu’il y a soixante ans et plus de 250 sortes de bactéries pouvant causer des intoxications alimentaires ont été recensées, explique Sylvain Charlebois, économiste spécialisé dans le domaine de l’agroalimentaire. Il est fort probable que ces chiffres augmentent au fil des années avec nos connaissances et nos capacités d’analyse qui ne cessent de se perfectionner.
L’article complet de Suzanne Deutsch sur le sujet est publié dans l’édition de juin 2013 du Bulletin des agriculteurs.