Une ferme sur dix pourrait fermer dans un an

Publié: 12 avril 2023

Une ferme sur dix pourrait fermer dans un an

Le contexte actuel frappe durement les producteurs agricoles québécois, révèle un sondage dévoilé le 12 avril par l’UPA, au point où une ferme sur dix pense mettre la clef sous la porte d’ici un an.

La hausse du prix des intrants et le relèvement des taux d’intérêt fragilisent les entreprises agricoles qui voient leurs dépenses augmenter, tandis que les revenus diminuent. La situation est plus difficile pour les producteurs devant renouveler dans les prochains mois leurs prêts, et tout particulièrement pour la relève agricole.

Dans son communiqué de presse, l’UPA mentionne qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada prévoit une diminution de 22,8 % des profits (revenu net) dans le secteur agricole en 2023, en raison notamment de l’augmentation des taux d’intérêt. Le niveau de la dette agricole était, pour sa part, de 25 G$ au Québec en 2021 et d’environ 27 G$ en 2022.

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Selon le sondage effectué en mars auprès de 3675 entreprises, deux entreprises agricoles sur dix rapportent être en mauvaise ou très mauvaise santé financière et près de cinq fermes sur dix anticipent une détérioration de leur situation au cours de la prochaine année. L’UPA relève d’autres affirmations préoccupantes.

  • trois entreprises sur dix ne génèrent pas assez d’argent pour couvrir leurs obligations financières;
  • trois fermes sur dix se retrouveront avec un solde négatif en raison de la hausse des taux d’intérêt;
  • quatre entreprises sur dix considèrent que la hausse des taux d’intérêt pourrait les empêcher de s’acquitter de leurs obligations financières.

« Les résultats du sondage confirment que l’agriculture est plus impactée que d’autres secteurs par le contexte économique défavorable et que l’horizon s’assombrit pour un nombre grandissant de fermes, plus particulièrement les entreprises en démarrage. Il n’est pas trop tard, mais il y a urgence d’agir », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.

L’UPA pointe du doigt des mesures inadéquates de la part des gouvernements face à l’endettement des entreprises ou encore la multiplication des mesures auxquelles elles doivent se plier. Entre autres, les nouvelles réglementations sur le bien-être animal a mené à la construction de nouveaux bâtiments. L’organisation mentionne aussi le projet d’omnibus réglementaire modifiant 24 règlements, dont le Règlement sur les exploitations agricoles et le Code de gestion des pesticides. La lourdeur bureaucratique et les relations avec le ministère de l’Environnement font aussi partie des facteurs qui affectent le travail des producteurs.

L’UPA propose plusieurs mesures. Il est question entre autres de faciliter le remboursement des emprunts pour les entreprises agricoles en grande difficulté financière (taux d’endettement élevé et excédent monétaire négatif) et d’instaurer un programme d’aide financière administré par La Financière agricole du Québec (FADQ). L’organisme suggère aussi de bonifier le programme de protection contre la hausse des taux d’intérêt de la FADQ (à toute la relève), ainsi que le programme Agri-Québec pour les entreprises agricoles situées dans les régions périphériques.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.