Les producteurs auront-ils accès aux engrais et aux semences en quantités suffisantes le printemps prochain? La réponse dépend de plusieurs facteurs, mais il semble assuré que les coûts seront en hausse pour 2022, évalue Financement agricole Canada (FAC).
L’économiste principal de FAC, Leigh Anderson, passe en revue dans une analyse la situation de divers produits nécessaires à la prochaine récolte et les embûches qui pourraient se présenter aux producteurs du Canada.
Le coût des engrais a particulièrement retenu l’attention dans les dernières semaines. Les coûts de l’énergie qui ont explosé ont mené plusieurs pays à réduire la production de divers engrais et donc à réduire les exportations. C’est le cas de la Chine, de plusieurs pays européens et de la Russie. Dans le contexte, il est prévu que les États-Unis augmenteront leur production dont une partie sera consacrée aux exportations, ce qui ne règlera pas le problème de l’approvisionnement en Amérique du Nord. M. Anderson prévoit donc que le coût des engrais devrait demeurer élevé. Les Services économiques FAC estiment en fait que les prix des engrais augmenteront de 60 % en 2022.

La crise énergétique a également eu des conséquences sur la production d’herbicides en réduisant la production de « phosphore jaune, un ingrédient clé dans la fabrication de glufosinate et de glyphosate », indique FAC. « La Chine exerce une influence particulièrement importante sur le marché des produits agrochimiques puisqu’elle représente près de 70 % de la production mondiale totale de glyphosate et d’autres ingrédients actifs utilisés dans la fabrication de produits chimiques en Amérique du Nord. »
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La disponibilité des herbicides et autres produits chimiques ne devrait pas varier, mais il en va autrement des semences. Les Prairies, qui produisent de nombreuses semences, ont vu leur production être perturbée par la sécheresse, ce qui pourrait mener à des pénuries en 2022 pour certaines semences. Dans ce contexte, FAC prévoit des hausses moyennes de prix de 9 % pour les herbicides et de 6 % pour les semences, ce qui est bien au-delà des augmentations normales de 3 % à 5 %.
Certains éléments seront donc à surveiller en 2022. La production de la Chine en engrais et produits de base ainsi que le rôle de la Russie dans la production de blé et d’énergie auront un impact, tout comme les conditions météo de cet hiver pourraient jouer sur la demande en énergie pour les mois de décembre et de janvier avec le phénomène de La Nina en arrière-plan.
Les choix d’ensemencement pour 2022 aux États-Unis sont aussi sur le radar. Le département américain de l’Agriculture (USDA) prévoit que les superficies de culture du maïs, du soya et du blé en 2022 seront respectivement de 92,0 millions d’acres, de 87,5 millions d’acres et de 49,0 millions d’acres. Le rapport de l’USDA sur les intentions d’ensemencement sera publié le 31 mars 2022.
FAC conclut en disant que « les décisions relatives aux superficies d’ensemencement seront difficiles en 2022. Elles reposeront en grande partie sur l’évolution des ratios des prix engrais-cultures à l’approche des semis, ainsi que sur tout problème potentiel d’approvisionnement en semences et en produits chimiques ». Des conditions météo normales et des rendements dans les tendances des dernières années devraient permettre aux producteurs de générer des profits malgré la hausse des intrants.