Un laboratoire d’analyse à la ferme !

Publié: 3 décembre 2010

Publié dans Le Bulletin des agriculteurs de septembre 2010

Les données recueillies par le dernier-né de DeLaval, le Herd Navigator, permettent de détecter les chaleurs, les cas de mammites et d’acétonémie.
par Marie-Claude Poulin

La traite robotisée a ses avantages surtout dans un contexte de troupeaux élargis, toutefois elle ne permet pas un suivi aussi étroit de chacun des sujets. Dans la plupart des cas, les producteurs ne voient plus le lait quotidiennement, pas plus que la vache elle-même. La dernière technologie mise au point par DeLaval pallie cette lacune.

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Le Herd Navigator fournit une analyse de plusieurs composantes du lait et détecte avec précision le moment des chaleurs, les déséquilibres dans l’alimentation et les problèmes de santé comme la mammite et l’acétonémie. À l’aide de ces diagnostics, le producteur peut ensuite passer aux actes et porter une attention particulière aux sujets qui en ont besoin.

DeLaval a travaillé en collaboration avec FOSS, spécialiste en technologie analytique, pour mettre au point ce système qui s’intègre aux robots et aux salles de traite. Des échantillons de lait sont pris de chaque poste de traite. Ils sont ensuite stockés, puis testés à l’aide d’un système de bandelettes. D’ailleurs, c’est le producteur lui-même qui change les bandelettes.

Cette tâche, qui doit être effectuée régulièrement, ne prend que quelques minutes. La gestion des données est assurée par un logiciel.

La technologie effectue la mesure de quatre paramètres : la progestérone, la lactate déshydrogénase (LDH), l’urée et les corps cétoniques (BHB) et procède à leur analyse. Le lait de chacune des vaches n’est pas analysé à toutes les traites. La fréquence d’échantillonnage et le type d’analyse sont déterminés selon l’historique de santé de la vache et la lactation notamment. Les données peuvent ensuite être consultées d’un poste informatique.

Le Herd Navigator indique sous forme d’« alarmes » les données nécessaires à la gestion du troupeau. Le profil de progestérone est la mesure utilisée pour une meilleure gestion de la reproduction. « Les tests effectués sur six fermes au Danemark ont permis de détecter entre 95 et 99 % des chaleurs », indique Fernando Mazeris, responsable de la gestion de troupeau au siège social de DeLaval en Suède. La mesure de l’hormone permet aussi de déterminer si la vache est gestante ou non, elle donne un signal d’alarme en cas d’anomalies (avortements, kystes ovariens, anoestrus). Les fermes expérimentales danoises ont toutes augmenté leur taux de reproduction à l’aide de ces données.

Le Herd Navigator procure un indicateur également en santé mammaire. L’enzyme LDH détecte les mammites trois jours avant les premiers signes visibles. Les producteurs peuvent ainsi agir rapidement et éviter les pertes de lait reliées à la maladie. Selon les informations de DeLaval, la machine détecte jusqu’à 80 % des cas de mammites. La mesure de cette enzyme permet aussi un meilleur suivi de la mammite subclinique.

Pour ce qui est de l’alimentation, la technologie mesure l’urée et la BHB. Ces paramètres permettent non seulement de détecter l’acétonémie, mais aussi les déséquilibres dans l’alimentation et les problèmes métaboliques.

Les producteurs peuvent ainsi corriger le tir en modifiant les rations rapidement. « Les producteurs sont surpris du nombre d’alarmes concernant l’acétonémie, soutient Fernando Mazeris. Ils ne croient pas qu’ils ont ce type de problème. Pourtant, un cas d’acétonémie peut se solder par une perte de 600 kilos de lait par lactation.

Le Herd Navigator détecte 50 % plus de cas d’acétonémie que les tests habituels effectués à la ferme. »

Technologie à l’épreuve
La ferme de Ole et Annette Lind située à Norre Snede, une petite municipalité dans le sud du Danemark, expérimente la technologie depuis avril 2009. Ces producteurs laitiers gèrent un troupeau de 260 têtes et possèdent quatre robots. Ils obtiennent 2200 kilos de lait par robot par jour pour un rendement total de 8800 kilos.

Lors du lancement du Herd Navigator en juin dernier sur leur ferme, Ole et Annette Lind n’avaient que de bons mots pour lui. « Depuis qu’on a les robots, on n’a plus le même contact avec les vaches. Avant, je faisais le tour des vaches plusieurs fois par jour pour vérifier les chaleurs, détecter les problèmes. Ça me prenait 45 minutes chaque fois et plusieurs chaleurs m’échappaient. Notre taux de détection s’élevait à peu près à 50 %. Maintenant, j’ouvre mon ordinateur et j’ai tous ces renseignements.

Notre taux de détection est monté à 95 % », indique Ole. Pourtant, le producteur n’était pas très familier avec les outils informatiques, mais le système est facile d’utilisation, assure-t-il. « Par contre, il faut être prêt à changer sa façon de travailler. Il faut aussi prendre action vis-à-vis l’information donnée pour récolter les bénéfices. »

Une fois les chaleurs détectées, les producteurs appellent l’inséminateur et ainsi facilitent la reproduction de leur troupeau. Ils ont entre 24 et 48 heures pour réagir.

« C’est un des principaux avantages du Herd Navigator, nous avons l’information rapidement. On peut se concentrer sur les bonnes vaches », ajoute l’éleveur. En ce qui concerne la santé mammaire des vaches, les producteurs affirment traiter beaucoup moins de vaches qu’auparavant. « Au moment où nous suspections qu’une vache avait la mammite, nous commencions à la traiter, sans attendre la réception des analyses finales. Maintenant, comme nous avons l’information plus tôt, nous ne traitons que les vaches malades. La technologie nous aide à prendre les bonnes décisions », mentionne Annette Lind. « Quand le système nous informe qu’une vache a la mammite, on ne voit encore rien dans le lait », ajoute l’agricultrice. D’ailleurs, une vache qui a de la mammite fréquemment sera surveillée de près par la machine. « Avec le système, on économise temps et argent », résume Ole Lind.

Selon les estimations de DeLaval, le système a un potentiel économique intéressant. Un producteur peut aller chercher un profit net de 250 à 350 euros par vache par année, soit l’équivalent d’un peu plus de 330 à 465 $. Ces bénéfices sont possibles en diminuant les jours ouverts, les coûts de vétérinaire et de médicaments, les pertes de lait.

D’abord lancé en Europe, le Herd Navigator fera son entrée au Canada vers la fin de l’année. DeLaval entend tester le produit sur quelques fermes canadiennes avant sa commercialisation qui est ensuite prévue au cours de l’année 2011. Le coût du système n’est pas encore établi. Le Herd Navigator ne sera compatible qu’avec l’équipement DeLaval dans un premier temps.

Tableau : Herd Navigator de DeLaval

Domaines Composantes analysées Détections
Reproduction Progestérone Chaleurs, gestation, avortement, kystes ovariens, anoestrus
Santé mammaire LDH (lactate déshydrogénase) Mammites, mammites subcliniques
Alimentation Urée, BHB (corps cétoniques) Acétonémie, déséquilibre dans la ration

Description des photos
Les photos sont publiées dans le magazine imprimé
1. « Le Herd Navigator n’estime pas, il mesure », affirme Fernando Mazeris, responsable de la gestion de troupeau au siège social de DeLaval en Suède. « Il détecte les maladies, l’état de la reproduction et les conditions d’alimentation avant que les signes soient visibles à l’oeil nu. »
2. Le nouveau-né de DeLaval aide les producteurs laitiers à gérer leur troupeau grandissant.
3. Le Herd Navigator est adapté pour supporter quatre robots de traite.
4. C’est Annette Lind qui est responsable d’installer les bandelettes dans le Herd Navigator. Elle met quelques minutes par jour à effectuer cette tâche.
5. Au moment où ils ont acheté la ferme en 1993, Ole et Annette Lind possédaient 35 vaches et 35 hectares. Les deux sont unanimes : pas de robots, pas de vaches !
6. Le bâtiment actuel a été construit en 2002 pour héberger quelque 260 vaches.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Luc Gagnon

Luc Gagnon