Le marché des grains sort-il la tête de l’eau?

Publié: 4 février 2016

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Petit constat de début du mois de février… Si on fait un tour de piste rapide du comportement des prix à Chicago, autant pour le maïs, le soya que le blé, ça commence à sentir de plus en plus le retour à la hausse typique du printemps.

ble corn soya

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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

En effet, comme le montrent les graphiques ci-haut, dans les trois cas on constate enfin une « rupture » plus concrète de la tendance baissière générale amorcée en octobre dernier.

Bien que le phénomène ne soit pas constant lui-même année après année, ceci concorde avec la tendance saisonnière voulant que généralement, les prix à Chicago amorcent au début de l’hiver un retour progressif à la hausse vers des sommets au printemps.

Sur le plancher des vaches, concrètement pour les producteurs au Québec, est-ce dire qu’on pourrait encore profiter de meilleurs prix d’ici les semis? Oui, surtout pour ceux qui sont plus familiers de travailler leur « base » puisqu’il faut bien le dire, elles sont historiquement très élevées et intéressantes. Sinon, le risque demeure qu’avec les quantités importantes récoltées au Québec l’an dernier, les « bases » reculeront sur un retour à la hausse du marché à Chicago. Autrement dit, les producteurs du Québec pourraient voir le marché de Chicago, mais constater une progression des prix au Québec moins prononcée.

De quoi faut-il aussi se méfier dans les semaines à venir? Deux choses :

1 – Même s’il est vrai qu’on peut espérer voir les prix progresser à Chicago à partir de maintenant, la bataille n’est pas gagnée d’avance. La consommation de grains reste bonne, mais les stocks à écouler sont aussi très élevés. Il faudra donc des chiffres de consommation (et exportation…) particulièrement intéressants pour vraiment soulever les prix…

2 – On commence déjà à jouer à la « cartomancie » météo. Je ne dis pas que les prévisions à long terme ne sont pas importantes à surveiller, mais le fait est que ça reste de la météo avec une bonne dose d’imprévisibilité. Cela dit, présentement, la balle est dans le camp d’un printemps/été trop sec. Quand on regarde les cartes de prévisions 1-3 mois du NOAA, on constate en effet que non seulement le temps sera plus chaud qu’à la normale pour le CornBelt américain d’ici le printemps  (merci El Nino…), mais aussi que la prochaine saison pourrait démarrer sur des sols plus secs qu’à la normale. Si c’est le cas, les prix pourraient donc connaître un beau rallye au printemps, sinon à l’été.

Bref, la situation est très intéressante actuellement à surveiller dans les marchés avec des belles perspectives qui semblent vouloir se dessiner à l’horizon.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.