
Le pire serait derrière nous à en croire de nombreux analystes. Hourra, merveilleux, ça veut dire qu’on va enfin pouvoir respirer et vendre plus cher? Comme le dirait si bien l’un de mes collègues : « Oui, mais attends un peu chose… »
La semaine dernière, le département de l’agriculture des États-Unis (USDA) a présenté un rapport important, celui des stocks américains de grains au 1er septembre dernier. À la bonne heure, ce rapport n’a pas proposé de mauvaises surprises, réitérant qu’encore et encore, on a sous la main beaucoup plus de grains qu’il n’en faut pour les besoins des consommateurs.
À ce stade-ci, après des mois à se faire rabâcher les oreilles sur les quantités trop importantes de grains de disponibles, les marchés n’ont pas eu un iota de surprise. On peut pratiquement les entendre dire : « C’est beau… c’est beau, on le sait, il y a trop de grains! »
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
De la même manière, il semble que les marchés jonglent maintenant avec indifférence avec leurs prévisions de rendements aux États-Unis. Dois-je rappeler que présentement le USDA prévoit 174,4 boisseaux/acre dans le maïs et 50,6 boisseaux/acre dans le soya. Pour le maïs, ce serait un bond de +3,4 boisseaux/acre par rapport au dernier record américain de 2014 à 171 boisseaux/acre. Et ce n’est pas mieux dans le soya, où on parle d’un bond de +2,6 boisseaux/acre versus le record de l’an dernier de 48 boisseaux/acre.
Avec de tels rendements, nul besoin de dire qu’ont s’attendant donc toujours à des quantités record de maïs et soya aux États-Unis cet automne. Pas de quoi être particulièrement optimiste du côté des prix pour les prochains mois.
Et pourtant, pendant que les analystes jouent à la devinette à savoir si on ne devrait pas s’attendre à un rendement de plutôt 52 ou même 53 boisseaux/acre dans le soya, et 173 à 174 boisseaux/acre dans le maïs, les prix ne bronchent pratiquement plus.
Mieux, plusieurs commencent à croire que des creux définitifs ont été atteints. J’ai même lu un article où des analystes étaient prêts à s’étirer le cou sur des prévisions de maïs à Chicago à plus de 4,00 $US/boisseau et un soya retournant vers 11,00 $US/boisseau et plus.
Loin de moi l’idée de croire que ces « prédictions » soient fausses. Après tout, on peut étirer l’élastique assez facilement en se rappelant qu’encore en 2016, nous avons connu du maïs à plus de 4,00$ et du soya qui a effectivement bondi à plus de 11,00 $US/boisseau, frisant même 12 $US/boisseau.
Cependant, quand on met les choses en perspective sur la dernière année, nous avons connu une longue période creuse de la récolte jusqu’en avril où le prix du maïs à Chicago s’est tranquillement effrité de 3,90-4,00 à 3,50 $US/boisseau et que le soya est resté coincé dans un étau de 8,50 à 9,15 $US/boisseau. Sept longs mois pénibles où il ne se sera finalement pas passé grand-chose, et avec raison.
On savait qu’on avait atteint un creux à l’automne 2015 et on savait aussi à ce moment qu’à moins d’une surprise majeure du côté de l’Amérique du Sud, les quantités déjà exceptionnelles de grains de disponibles rendant difficile toute appréciation substantielle des prix.
Dans ce même ordre d’idée, quand vient le temps de parler stratégie et plan de commercialisation de ses récoltes 2016-2017, le contexte de fond se veut très similaire à 2015. On sait qu’on a trop de grain de disponible, et on sait qu’à moins d’une surprise du côté de l’Amérique du Sud, les prochains mois seront très certainement difficiles pour les prix. Les creux ont donc peut-être très bien été atteints dernièrement, mais les perspectives de hausses restent encore bien incertaines.