Alcool et agriculture : deux poids, deux mesures

Je réalise que nos scientifiques agricoles ne sont pas assez présents pour bien vulgariser les enjeux

Publié: 24 janvier 2023

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Alcool et agriculture : deux poids, deux mesures

Avez-vous vu le reportage parlant du nombre de consommation d’alcool souhaité pour réduire les probables risques de cancer et autres maladies? Hey! « Boire ne serait-ce qu’un verre par semaine peut poser des risques pour la santé », selon ce groupe d’experts coprésidé par la sociologue québécoise Catherine Paradis qui rappelle que l’alcool est une des principales causes de décès, d’invalidité ou encore de cancers et de maladies cardiovasculaires. Mais selon le cardiologue Martin Juneau, il faut plutôt « individualiser le risque et faire appel au jugement des gens. »

C’est fou comment ça semble nous déstabiliser. Bien voyons! Me semble que c’est bon un verre de vin pendant notre repas du soir. Plusieurs spécialistes se sont prononcés sur le sujet pour arriver à une certaine conclusion qui semble faire notre affaire à tous. Soit : bien évaluer les risques en fonction de notre historique familiale et surtout s’assurer de garder le contrôle tout en évitant de ne pas exagérer sur les quantités.

Rassurant d’entendre un scientifique affirmer : « Je trouve que la lecture de la littérature faite par ce groupe est très biaisée », déclare le directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal.

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Dans certaines périodes intenses, comme celle-ci, on a l’impression qu’il y a plus de tâches que de ressources humaines. Tout devient une gestion des priorités.

Bizarre que personne ne suggère de bannir l’alcool à tout jamais. Comme personne de semble vouloir interdire le cannabis, malgré les probables risques de psychoses ou autre problèmes reliés à cette consommation. C’est tellement fort nos arguments quand on veut absolument ne pas perdre notre petit plaisir quotidien d’agrémenter notre repas d’un bon verre de vin ou d’une bonne bière dans mon cas.

Bizarre que personne ne semble soupçonner un possible lobby obscur qui influence les scientifiques qui se prononcent sur le sujet. On pourrait rouler là-dessus et mentionner M. Untel fait la promotion de la consommation d’alcool (brûleur de gorge) ou le cannabis (semeur de psychoses)!

En fait, je réalise que nos scientifiques agricoles ne sont pas assez présents pour bien vulgariser aux citoyens les enjeux du pourquoi et du comment de nos actions quotidiennes sur le terrain. Nos scientifiques associés aux compagnies sont en général mal perçus et nos scientifiques gouvernementaux sont en général peu présents pour rectifier ou rétablir les faits au grand public ainsi qu’aux médias. Donc étant donné qu’on connaît très peu la vraie réalité, on préfère des raccourcis et scander des mots clés qui frappent l’imaginaire du consommateur qui n’y comprend plus rien.

En fait, je suis jaloux du bon jugement d’équilibre qu’on semble prêt à donner pour notre petit confort et d’un autre côté, on devient intransigeant quand ça touche les enjeux agricoles en général. Pendant qu’on essaie de minimiser les impacts sur la santé de l’alcool, certains semblent excités de voir les dommages causés par les pesticides reconnus maintenant comme une maladie professionnelle. Comme si ça leur donnait des arguments pour les interdire. C’est pourtant écrit sur les étiquettes qu’on doit se protéger de façon adéquate pour les utiliser.

On doit donc continuer la sensibilisation et accompagner les utilisateurs dans leur processus de protection pour s’assurer d’éviter les problèmes. Un peu comme on essaie de faire pour l’alcool et le cannabis. Je me console en me disant que dans mon cas ça fait seulement sept ans que je me protège quand j’utilise mes pesticides. Je me disais que j’étais probablement le meilleur candidat pour développer un cancer étant donné que j’avais la tête dans le réservoir pendant 32 ans de ma vie. Maintenant, si j’en attrape un, je pourrai dire que c’est sûrement à cause de ma consommation de bière de microbrasserie. Au moins, c’est meilleur au goût! Profession agriculteur.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.