La clef pour développer de nouvelles variétés de blé plus résistantes aux sécheresses pourrait être à portée de mains des chercheurs qui se penchent sur la question depuis plusieurs décennies.
Des chercheurs du John Innes Centre en Angleterre ont identifié le gène, étiqueté Zip4.5B, et en ont créé une version mutante, qui permet la création de nouvelles variantes de blé avec des attributs d’herbes sauvages. Les scientifiques du John Innes Centre ont depuis découvert qu’il existe au moins 50 versions différentes de Zip4.5B.
La découverte, appelée par certains le Saint-Graal de la recherche dans le blé, est importante en raison des répercussions dans un contexte de changement climatique, mais aussi de la complexité que représentait le défi de déchiffrer le génome du blé, comme l’explique le chercheur du CEROM, Michel McElroy. « Le génome du blé est très différent de celui des humains, car il s’agit d’un « polyploïde ». Il possède en fait trois génomes distinctes dans ses cellules, chacun provenant d’une espèce différente d’herbe sauvage, et ce n’est qu’en combinaison qu’ils produisent la culture productive que nous connaissons aujourd’hui. »
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« Pour que cette machinerie génétique complexe fonctionne correctement, il existe un gène qui, en fait, empêche les génomes de se « mélanger ». C’est une bonne chose pour les producteurs de blé, mais moins pour les sélectionneurs de blé, car ça impose une barrière à l’introduction de gènes provenant d’espèces apparentées. Ces espèces sauvages pourraient avoir des gènes importants pour tolérer des stress ou des maladies, et pourraient être essentielles à la création de nouvelles cultures mieux adaptées aux changements climatiques. Ce que les chercheurs ont réussi à faire, c’est identifier un mutant de ce gène qui est fonctionnel, mais qui permet aussi un peu de mélange entre les génomes, ce qui pourrait permettre aux sélectionneurs de blé d’intégrer des gènes complètement nouveaux dans leurs programmes », ajoute Michel McElroy.
Si la découverte est prometteuse, il faudra attendre encore plusieurs années avant de pouvoir acquérir des variétés liées à cette découverte. De la recherche fondamentale il faudra passer à la recherche appliquée sur le terrain pour observer les interactions dans les différentes conditions de sol et de l’environnement. Et ces tests devront être repris dans chaque région pour obtenir les meilleures variétés en fonction des conditions locales. Pour l’instant, des essais sont prévus dans les conditions arides dans la région Ibérique de l’Espagne.
Preuve que la recherche progresse rapidement, le John Innes Centre a indiqué en novembre dernier avoir ciblé un nouveau gène, le Rht13, réduisant la hauteur. Depuis les années 1960, les recherches ont mené à des variétés de blé plus courte pour éviter la verse. En contrepartie, ces dernières étaient difficiles à semer en profondeur en raison de la difficulté du grain à germer dans ces conditions.
La découverte du gène Rht13 signifie que les graines peuvent être plantées plus profondément dans le sol, donnant accès à l’humidité, sans l’effet négatif sur l’émergence des semis observé avec le blé existant. Selon le Centre, « les variétés de blé avec le gène Rht13 pourraient être rapidement reproduites pour permettre aux agriculteurs de cultiver du blé à hauteur réduite dans des conditions de sol plus sèches »