Une fertilisation dans les prairies qui vaut de l’or

L'azote a des bienfaits importants pour les prairies.

Ceux qui me connaissent bien ne seront pas étonnés du sujet que j’ai choisi de traiter aujourd’hui puisqu’il me tient particulièrement à cœur! Et quel bon moment pour en jaser alors que le MAPAQ a rendu public ses toutes nouvelles grilles de fertilisation ce printemps.

Le timing est également bon, car la fertilisation des prairies au printemps vaut de l’or, ni plus ni moins ! Selon différentes sources consultées, 65 à 85% du rendement des graminées est obtenu à la première coupe (40 à 50% pour les légumineuses), alors il ne faut pas négliger la fertilisation pour maximiser le potentiel de rendement annuel.

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Les rendements cibles des nouvelles grilles sont de 11,1 tonnes/ha de matière sèche pour les légumineuses et de 8,3 pour les graminées. Il faut viser haut, et pour atteindre cet objectif, il faut bien se nourrir!

Azote

Les nouvelles grilles de fertilisation proposent un format bien simple. Elles sont d’abord divisées en trois zones climatiques selon le potentiel de rendement de chaque zone. Par la suite, il faut établir la proportion de légumineuses dans les champs. À cette date, cette étape devrait être déjà réalisée.

Et il vaut mieux aller constater au champ plutôt que se fier à son instinct, car cette année, certains champs (particulièrement les sols lourds) ont apporté leurs lots de surprises en ayant un pourcentage élevé de mortalité dans la luzerne, laissant les graminées intactes. Si la population est suffisante, une des stratégies qu’on peut utiliser est de modifier la fertilisation en azote selon le pourcentage de chaque espèce présente.

Tel que le démontre l’image ci-dessous, les besoins en azote d’une luzernière pure et bien établie sont faibles, dû à sa capacité à fixer l’azote de l’air. Par contre, dès qu’on tombe dans les 50% et plus de graminées (et ce chiffre est facile à atteindre vu le nombre de graines par kg pour le mil), les besoins sont grands.

Si on compare des grilles du maïs avec celles des graminées, on remarque rapidement que les besoins sont supérieurs pour nos champs de foin. LA grande question est : leur accordons-nous le même traitement? Je me doute de la réponse, mais je vous laisse y répondre! Un apport d’au moins 50 à 60 unités d’azote disponible rapidement devrait être envisagé pour démarrer les prairies au printemps.

Source: Guide de référence en fertilisation du CRAAQ 2ème édition
Source: MAPAQ-Publication 5-Prairies de graminées et de légumineuses en entretien

Phosphore

À l’exception des champs dont l’indice de saturation en phosphore est atteint, un minimum devrait être appliqué, tel que suggéré dans les grilles afin d’éviter de trop diminuer la fertilité des sols.

Potasse

Je ne le répéterai jamais assez, mais les exportations de cet élément essentiel à la productivité des prairies sont grandes, il faut donc au minimum les remplacer. Et qu’en est-il d’enrichir nos sols ? Il y a une dégringolade de la teneur en potasse dans les sols du Québec. Il est donc important de porter attention à vos analyses et de fertiliser en conséquence.

Autres éléments

La luzerne a une réponse élevée autant pour le bore que le soufre, ainsi qu’une réponse moyenne pour le calcium, le magnésium, le cuivre et le zinc. Il ne faut donc pas négliger l’application de ces éléments.

Maïs et graminées pérennes: même combat?

En conclusion, quand on compare les grilles du maïs et celles des graminées fourragères pérennes, force est de constater que les besoins se ressemblent beaucoup. Il y a une multitude de scénarios, mais pour une fertilisation 100% minérale, il faut autour de 850 kg/ha, selon la formule appliquée, pour combler les besoins en azote et en potasse de ces deux cultures.

Vous me direz que ça coûte plus cher, mais plus de rendement signifie la possibilité de diminuer les superficies selon les besoins. On m’a appris que l’important n’est pas ce que ça coûte de produire, mais ce que ça rapporte, et ça peut rapporter gros d’être efficace !

Si des carences sont soupçonnées durant la saison, n’hésitez pas à vous tourner vers votre conseiller en fertilisation afin de réaliser des analyses foliaires et d’ainsi effectuer les corrections nécessaires. 

*Texte réalisé par Roselyne Gobeil en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.

À PROPOS DE L'AUTEUR

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