Le blé d’automne parti sur les rails

Malgré des semis tardifs, la céréale semble bien équipée pour attaquer la saison froide qui approche

Publié: 25 octobre 2022

Les parcelles de blé d'automne ont bien levé malgré un début difficile

Comme le dit Julie Durand, « c’est le jour et la nuit entre l’automne 2021 et 2022 ».  Si les conditions ont été exceptionnelles pour le semis du blé d’automne l’an dernier, les conditions ont été tout autre cette année. « On a eu une période de beau temps vers le 5 septembre, mais j’ai pu semer mes parcelles de peine et de misère le 12 septembre. J’ai finalement fini le 3 octobre », raconte l’agronome qui est aussi améliorateur génétique chez Semican. Elle collabore également avec le Réseau des grandes cultures du Québec (RGCQ) dans la collecte de données sur les céréales.

La plupart des producteurs se reconnaîtront dans l’histoire de Julie Durand. La pluie tombée à partir de la mi-septembre a compliqué les travaux dans les champs, entraînant un retard dans les récoltes et, par conséquent, dans le semis de blé d’automne. Plusieurs ont donc dû attendre au début octobre avant de pouvoir mettre en terre la céréale, dépassant ainsi de deux semaines la fenêtre recommandée pour les semis.

Heureusement, les conditions météo se sont montrées favorables depuis. Le beau temps a été omniprésent et le gel n’a pas été trop marqué. Ces temps-ci, le mercure atteint même des records par endroits avec des températures au-delà des normales de 10 à 15 degrés Celsius.

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La chaleur a ainsi permis au blé de bien s’implanter et d’accumuler des réserves, indique Julie Durand, ce qui est le cas des parcelles de Semican, qui se trouvent dans les zones au sud et au centre du Québec (zone 1 et 2). L’agronome a eu quelques sueurs froides quant à son blé semé en septembre. Au lieu de germer dans les jours suivants, il ne s’est pointé que deux semaines plus tard. Il a maintenant bien levé et toutes les parcelles se trouvaient au même stade de croissance, malgré les dates de semis différentes. « Il a fait chaud et beau en octobre. On est content, c’est sûr que ça a aidé à bien faire pousser le blé d’automne. »

Ces observations confirment ce que l’agronome a déjà pu constater : il est possible de semer au-delà des dates recommandées. La survie n’est pas vraiment affectée, mais cela devient plus risqué. Comme elle le répète aussi, l’usage de fongicide dans les semences de blé d’automne est inutile : malgré la pluie et le temps frais, ses semences ont fini par émerger.  En cas de problème de levée, il faut souvent regarder ailleurs, tels que la profondeur de semis ou le travail de champ.

Le blé d’automne de 2022 est donc bien démarré et peu importe ce qui viendra, il a commencé à vernaliser. Il a eu suffisamment de lumière et de chaleur pour faire des réserves et remplir ses racines, précise l’agronome.

Le coup de dés quant à la survie du blé d’automne demeure les prochaines conditions hivernales, mais ça, personne ne peut les prévoir, tout comme le temps exceptionnel d’octobre était impossible à anticiper.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.