L’utilisation des films plastiques biodégradables en grandes cultures n’est pas sans danger, indique une étude, au point où ses auteurs recommandent de cesser la pratique jusqu’à ce que des solutions plus durables soient trouvées.
Une équipe de l’Université du Québec à Chicoutimi s’est penchée sur les impacts des films de plastique translucide, aussi appelés oxodégradables, après avoir constaté une hausse de 90% de leur utilisation en sept ans dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, particulièrement pour la culture du maïs-ensilage. Les superficies en 2023 s’élevaient à 2300 hectares.
Les résultats de l’étude indiquent que « d’un point de vue environnemental, l’utilisation de ce type de plastique pourrait causer des problèmes importants en s’accumulant notamment dans les sols, les sédiments, les eaux et les organismes vivants ». Il s’agit de la première étude s’étant penchée sur les temps de décomposition de ces paillis sous les conditions climatiques des sols dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, ainsi que sur les effets des écosystèmes aquatiques.
À lire aussi

Inondation dans les champs: quoi faire selon les cultures
La pluie a causé des siennes dans plusieurs régions mais avant de s’inquiéter, le RAP rappelle quelques informations et conseils sur ce type de situation.
Bien qu’étant présentés comme biodégradables, ces plastiques se dégradent de manière partielle ou encore laissent des microplastiques dans le sol après leur usage.
L’équipe de chercheurs a observé sur le terrain que des macro-fragments se trouvaient facilement dans des champs dédiés au maïs-ensilage. Ils se trouvaient à des profondeurs allant jusqu’à 30 centimètres, même après 60 mois suivant le dernier recouvrement du sol par le paillis de plastique. « Pire encore, les macro-fragments exposés après 60 mois présentaient très peu de signes de dégradation », relèvent les chercheurs, ce qui venait confirmer le résultat d’études précédentes faites sur la décomposition de ces plastiques.
Les impacts sont importants puisqu’ils peuvent avoir des conséquences à la fois sur la santé des sols, la santé animale (et par ricochet la santé humaine) et les milieux aquatiques.
Au point de vue des sols, la présence de plastiques aurait des impacts sur les agrégats et la porosité des sols, sur la capacité à retenir les nutriments, et à l’opposé, à retenir les contaminants. Ils nuiraient également aux microorganismes dans le sol et aux vers de terre.
Par ailleurs, la fragmentation des particules de plastique dans les sols libère dans l’environnement des agents plastifiants de la famille des phtalates qui sont connus pour induire une réduction des rendements des cultures. Les racines sont en mesure d’assimiler les phtalates qui sont des perturbateurs endocriniens. Ces derniers sont ensuite ingérés par les vaches laitières via le maïs-ensilage et se retrouvent dans les gras et le lait produits par la vache, pour finir dans les produits transformés du lait, tels que le beurre et les fromages.
Les phtalates provenant des plastiques se retrouvent aussi en milieu aquatique avec des effets qui se font sentir sur la faune et la flore. Les billes de microplastique ont aussi tendance à s’accumuler dans les bassins versants.
Face à ces constats, les chercheurs recommandent de cesser immédiatement l’usage de ces plastiques. Ils incitent à trouver des solutions de rechange au maïs-ensilage pour combler les besoins des éleveurs laitiers. À moyen terme, les semenciers pourraient être mis à contribution pour développer des hybrides à plus faibles UTM, tandis que d’autres efforts devraient être déployés pour développer un paillis 100% biosourcé, sans composé chimique néfaste pour l’environnement et les cultures.
À lire aussi:
Les micro-plastiques menacent la fertilité des terres agricoles