Causes de la verse tardive dans le maïs

En 2025, les principaux facteurs de stress ont été l’excès d’eau au printemps et la sécheresse d’août.

Publié: il y a 5 heures

La verse tardive peut rendre la récolte difficile.

Personne n’aime récolter des cultures versées, que ce soit dans le soya, les céréales ou le maïs. Lorsque la verse survient tôt en saison, les plants se redressent souvent d’eux-mêmes et l’impact sur le rendement ou sur la récolte demeure limité. En revanche, en fin de saison, l’intégrité des racines ou des tiges est compromise, rendant la récolte difficile.

Bien qu’on puisse isoler les pathogènes responsables de la verse en fin de saison, ils constituent rarement la cause première. En effet, une plante en santé, dont le système immunitaire est pleinement fonctionnel, leur résiste généralement. Il faut donc chercher du côté des stress qui affaiblissent l’immunité au point de rendre la plante vulnérable. En 2025, les principaux facteurs de stress ont été l’excès d’eau en début de campagne (compactage, pertes en nutriments) et la sécheresse d’août. Habituellement, tout ce qui perturbe la photosynthèse lors du remplissage du grain risque d’affaiblir la plante.

Comme on l’a vu dans un précédent article, la plante fixe le nombre et la taille des grains au début du stade reproductif et, à partir du stade R2 (stade laiteux), elle s’emploie à remplacer l’eau contenue dans chaque grain par de l’amidon. Or, même dans de bonnes conditions de croissance, la photosynthèse de fin de saison suffit rarement à couvrir tous les besoins du grain. La plante doit donc réacheminer une partie des glucides accumulés dans les tiges et les feuilles vers l’épi, un processus souvent qualifié de « cannibalisation » de la tige.

À lire aussi

Photo par Sylvain Leroux, Ferme S.P. Leroux, Laurentides

État des cultures 3 octobre: mode récolte activé

Près du tiers du soya est récolté et les écarts de rendement sont frappants.

Lorsqu’un stress majeur survient en phase de remplissage du grain, toute perte de photosynthèse se traduit par une remobilisation accrue pour maintenir la croissance du grain à environ 5 g de matière sèche par jour et par épi. Si la photosynthèse chute au point de surtaxer ce mécanisme, un effet boule de neige s’installe. Il en découle une sénescence des feuilles et des tiges qui à son tour mène à la mort prématurée de la plante. Cet affaiblissement rend alors le maïs plus vulnérable aux pathogènes qui pénètrent par la base et colonisent la tige. L’anthracnose, en revanche, suit une trajectoire particulière puisqu’elle s’installe d’abord dans la feuille étendard avant de progresser vers le bas.

Le choix d’hybrides résistant à la verse est un facteur parmi d’autres pour réduire les risques de verse tardive.

En présence de forts vents, l’effet de levier qu’ils exercent sur la plante fait céder la partie la plus faible, soit la tige ou les racines. Notons que le Québec et certains États de l’Est américain sont parfois touchés par les reliquats d’ouragans de l’Atlantique. De plus, leurs sols hébergent le pathogène Phoma terrestris, l’organisme responsable de la pourriture rose des racines du maïs. La combinaison de ces deux conditions explique pourquoi la verse racinaire tardive se manifeste surtout dans ces régions. Cela complique l’amélioration génétique de la tolérance, puisque les occasions d’observer et d’éliminer les lignées sensibles restent limitées.

En résumé, dans les cas les plus sévères de verse, des pertes de rendement peuvent survenir. Elles résultent à la fois de l’incapacité de la tige affaiblie à assurer correctement le remplissage du grain et de la difficulté du bec cueilleur de la moissonneuse à tout récolter.

En matière de prévention, le choix d’hybrides résistant à la verse n’est qu’un facteur parmi d’autres pour réduire les risques de verse tardive. L’essentiel de la régie vise à maintenir la plante en santé en août et en septembre afin de maximiser la photosynthèse. Cela repose notamment sur la sélection d’un taux de semis adapté à la capacité du sol (fertilité, rétention de l’eau), une fertilisation ajustée au potentiel de rendement de la parcelle, l’application de fongicides contre les maladies foliaires, lorsque nécessaire, et sur le choix d’une précocité qui assure la maturation du maïs avant les premiers gels d’automne.

Pour lire d’autres chroniques Entre deux rangs de Jean-Marc Montpetit, cliquez ici.

À voir ce défi maïs:

À surveiller: la cannibalisation des tiges du maïs

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.