Quels gestes à faire dans les prairies

Publié: 30 avril 2022

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Quels gestes à faire dans les prairies

*Avec seulement quelques semis de pommes de terre et de blé réalisés jusqu’à ce jour, on peut dire que le printemps de 2022 s’annonce plutôt normal ou peut-être même tardif… Cependant, comparativement à pareille date l’an passé, il y a de l’eau dans le sol!  Si Dame Nature pouvait nous laisser un peu tranquille avec le froid, la pluie et la neige, il serait plus facile de constater les chances de survie de nos prairies. Voici quand même mes premiers constats :   

Dans plusieurs régions du Québec, les prairies ne se sont pas encore réveillées. Au début de cette semaine (25 avril), il n’était pas rare de rencontrer des champs de graminées encore en dormance, et ce, même en Montérégie et dans Lanaudière.  En effet, plusieurs graminées, telles la fléole et la fétuque, démontraient de la rougeur, signe qu’il faisait encore trop froid pour transloquer leurs sucres et donc commencer leur photosynthèse (voir photo 1). 

Les graminées sont encore teintées de rouge en raison du froid. Photo prise lundi le 25 avril 2022 à Saint-LiboirePhoto: Brigitte Lapierre . DLF Pickseed.

Plusieurs jeunes champs de luzerne sont de toute beauté (voir photo 2), mais l’absence de graminées se fait encore sentir due à la sécheresse lors des implantations des printemps de 2020 et 2021. 

Beau champ en première année de production. Photo prise le lundi le 25 avril 2022 à Saint-Rémi. Photo: Marc-André Léger, DLF Pickseed

Toutefois, la situation dans les champs plus vieux n’a pas l’air d’être la même. Des dommages commencent à paraître, surtout dans les endroits où le drainage n’est pas parfait et où le pH ne s’approche pas de 7. Avec l’annonce de nuits sous 0 °C, il est encore un peu tôt pour prendre des décisions et ces champs seront certainement à revoir la semaine prochaine.

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Les prairies semées avec certaines plantes abris au printemps de 2021 sont également inquiétantes, non seulement à cause des dommages hivernaux mais aussi en raison du faible peuplement de fourragères dans l’année d’implantation. En effet, on se rappelle que les plantes abris, comme les céréales battues ou encore l’herbe de Soudan, ont soutiré toute l’eau disponible aux dépens des petites plantes fourragères. Il y a aussi parfois la repousse du rejet des grains battus à l’automne dernier qui a étouffé la petite luzerne qui essayait de croître mais beaucoup moins vite que cette céréale.  On ne peut pas souhaiter retrouver une bonne population durant la première année de production lorsqu’à l’implantation ces plants étaient déjà manquants. De là l’importance de bien réussir son semis et de bien comprendre le compromis à ajouter une plante abri.

Présentement, par rapport à l’année 2019, la situation n’est PAS catastrophique.  Toutefois, je vous encourage fortement à aller voir vos champs; il est encore temps de poser des actions.  Allez compter les plants et vérifier avec le tableau 3.13 ci-dessous si vous avez des actions à prendre pour subvenir aux besoins de fourrage de votre troupeau. 

Pour connaître l’avancement du réchauffement de votre sol, utilisez un thermomètre de sol. Il suffit de le planter dans le sol à une profondeur de 4 pouces, pendant cinq bonnes minutes. Même si les semis se font à moins de 4 pouces, les suggestions de température minimum pour le semis de plusieurs espèces sont basées sur la température à cette profondeur.   Sur la photo des graminées rouges citées plus haut, on peut constater que le sol dans ce champs indiquait une température de 6 °C à Saint-Liboire, lundi le 25 avril 2022. À cette température, la luzerne (et même les graminées) commence seulement à se dire qu’il serait temps de bouger.

Il est donc encore un peu tôt à ce stade-ci pour que votre évaluation soit bonne à 100 %, mais elle le serait probablement à 75 %!  De plus, à cause de la variation de température au cours de la journée, prendre une moyenne de la température de sol à 9h00 et ensuite à 17h00 au même endroit est une excellente méthode à envisager.

En résumé, à cette date, on trouve peu de mortalité dans les prairies mais il est encore un peu tôt pour crier victoire.  Les sursemis n’ont pas encore commencé, sauf quelques-uns sur la gelée au début avril. La semaine prochaine devrait être cruciale pour prendre des actions. 

Tableau provenant du Guide agronomique des Grandes cultures de l’Ontario, publication 811 F, p.121

*Texte réalisé en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.