Les premières étapes de restauration des sols procurent un changement rapide de leur santé. Par la suite, l’amélioration des sols prend du temps. Une étude à long terme comparant des sols en bonne et mauvaise condition en Illinois, aux-États-Unis, illustre bien cette tendance.
Quelques années seulement de bonne gestion des sols peuvent ramener des champs au-dessus du seuil de rentabilité. L’amélioration de la chimie des sols (pH et fertilité) et l’élimination de la compaction (aspect physique du sol) sont les éléments ayant une réponse à court terme. Les changements biologiques prennent plus de temps. Ken Ferrie, spécialiste en grandes cultures au Farm Journal, assure le suivi de cette étude.
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Deux fermes voisines participent à cet essai ayant deux types de sols : loam limoneux, 3 % M.O. et CEC entre 15-16, puis argile limoneuse contenant 4 % M.O. et CEC entre 20 et 25. À condition de sol égale, le potentiel de rendement est supérieur pour l’argile limoneuse à cause de sa fertilité naturelle plus élevée et sa meilleure capacité de rétention d’eau.
Au début de l’essai, les sols de la ferme A étaient en bonne condition et on y pratiquait le semis direct depuis plusieurs années. La ferme B utilise le travail conventionnel depuis 30 ans, contribuant ainsi à la destruction de la structure et à la création d’une couche imperméable due à la compaction. En 2011, changement de propriétaire pour la ferme B. Le travail vertical du sol est implanté pour uniformiser la densité du sol et éliminer la compaction, puis une application de chaux est effectuée afin de rétablir le pH. « Il faut corriger les éléments ayant le plus d’impact au début du processus », rapporte Ken Ferrie.
Les résultats ont été immédiats pour la ferme B. Le rendement en maïs est passé de 8165 kg/ha (130 bo/acre) entre 2008 et 2010, à plus de 14 000 kg/ha (225 bo/acre) en 2013 et à 13 500 kg/ha (215 bo/acre) en 2015. La rotation se limitant à un an de maïs et un an de soya. Mais le rendement obtenu était encore de 1250 kg/ha à 1850 kg/ha de moins que la ferme A. « La structure du sol ne peut être réparée avec un seul traitement de chaux », ajoute Ken Ferrie. L’ajout de blé dans la rotation ou d’engrais verts ayant un système racinaire plus fibreux sera nécessaire pour poursuivre l’amélioration du sol.
Les résultats obtenus en 2016 démontrent une amélioration du rendement avec une seule année à utiliser des cultures de couverture. Le rendement du soya a atteint 3900 kg/ha (58 bo/acre) dans la partie avec engrais verts (seigle semé après la récolte de maïs l’automne précédent) et 3765 kg/ha (56 bo/acre) dans la partie non traitée. Pour comprendre la cause de cette différence de rendement, Ken Ferrie a réalisé plusieurs analyses. Il a mesuré la stabilité des agrégats en utilisant les tests de stabilité du sol de l’Université Cornell. Il a obtenu un résultat de 20 sur une échelle de 100. Les résultats des champs de la ferme A se situent à 80. L’autre indicateur de la santé des sols recommandé par Ken Ferrie est la concentration de phosphore soluble (ortho phosphate). L’augmentation de 1 à 2 ppm entre les deux sites est significative.