Lorsqu’il a commencé à parler de la compaction des sols avec les agriculteurs, Ian McDonald a constaté que beaucoup d’entre eux considéraient qu’il s’agissait d’un phénomène isolé, plutôt que d’un problème pouvant être atténué par une réflexion approfondie.
Pourquoi est-ce important? La compaction des sols peut entraîner une augmentation des coûts des intrants ou une diminution des rendements.
Le spécialiste de l’innovation culturale du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroalimentaire de l’Ontario (OMAFA) affirme qu’à la longue, le tassement des sols coûtera cher. « Le compactage des sols occasionne des problèmes sur l’ensemble du champ, contribuant à l’augmentation des coûts des intrants et/ou la réduction des rendements », a-t-il déclaré.
À lire aussi

Bien entretenir les équipements de manutention des grains
Les systèmes de manutention des grains nécessitent de l’attention. Ils doivent faire l’objet d’inspections et d’un entretien régulier pour garantir un fonctionnement efficace et sécuritaire.
Ian McDonald était accompagné d’Alex Barrie, ingénieur en gestion des sols à l’OMAFA, lors d’une table ronde organisée dans le cadre de la Conférence sur les cultures de l’Est de l’Ontario, à Kemptville, en janvier 2025. Ils y ont présenté des solutions pratiques pour réduire le tassement des sols tout en mettant en garde contre les risques potentiels à long terme.
La compaction, en réduisant la porosité, chasse en partie l’air et l’eau contenus dans le sol, affectant ainsi sa santé générale et les rendements. Une fois que la dégradation se répand jusqu’à une profondeur de 20 pouces, il devient pratiquement impossible de réparer les dommages, a averti Alex Barrie.
« Il n’y a pas grand-chose que l’on puisse faire une fois que le sol est détérioré sur une profondeur de 20 pouces, si ce n’est de le fragmenter et de prier pour que les racines puissent se forer un chemin », a-t-il ajouté.
Selon Ian McDonald, les agriculteurs disposent de solutions simples pour éviter ces préjudices : « moins de poids, moins d’eau et moins d’air dans les pneus… réduire le poids par essieu et la charge totale et éviter les sols humides. »
Toutefois, le grand dilemme est d’ordre pratique, a souligné le spécialiste. Bien qu’il comprenne les situations spécifiques où les agriculteurs n’ont pas le temps de suivre toutes les solutions d’atténuation, il les a encouragés à être plus conscients des risques de tassement des sols.
« Certains cultivent dans des régions où la neige arrive tôt et ne peuvent pas se permettre d’attendre. D’autres n’ont pas la main-d’œuvre nécessaire pour faire rouler deux petites bennes de transbordement, a précisé Ian McDonald. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas appliquer certaines pratiques. Tout ce que je vous demande, c’est de réfléchir aux impacts des choix que vous faites. »
D’après les données compilées par Ian McDonald et Alex Barrie, les bennes de transbordement (grain carts), les épandeurs de fumier et les pulvérisateurs automoteurs, sont les principaux responsables de la compaction des sols.
Alex Barrie estime que la plupart des agriculteurs devraient viser une pression dans les pneus de 20 livres/po2. Cependant, il précise que la variabilité de la qualité des sols implique qu’il n’existe pas de solution unique pour tous. « Si vous pouvez réduire en toute sécurité la pression dans les pneus, vous vous rendez déjà service. Vous pouvez soulager chaque pneu en ajoutant des essieux ou des roues jumelées ou en tandem », explique Alex Barrie.
Selon lui, un sol peut paraître parfaitement sec en surface tout en étant anormalement humide à 20 pouces de profondeur. « Si vous transportez une charge suffisamment lourde pour tasser cette couche de sol humide, vous créez une situation idéale pour sa compaction — et vous n’auriez pas pu faire mieux », a-t-il déclaré.
L’égouttement avec des drains enfouis a également été souligné comme un outil d’atténuation particulièrement efficace. Toutefois, Alex Barrie a précisé qu’il est extrêmement difficile d’avoir des champs parfaitement drainés au printemps, tout en maintenant un taux d’humidité adéquat pendant la saison de croissance.
Nouvelles technologies
De nouvelles technologies agricoles pourraient aussi contribuer à réduire la compaction en limitant le poids et la circulation dans les champs, selon Ian McDonald, visiblement emballé.
Il a mentionné les porte-outils de 60 pieds d’envergure développés par la société allemande Nexat, qui réduiraient considérablement le poids et le trafic au sol. Bien que l’entreprise soit confrontée à des difficultés financières, des essais en Amérique du Nord sont prévus en 2025.

Ian McDonald a également évoqué le système d’irrigation 360 Rain, une machine entièrement autonome permettant de fertiliser tout en réduisant les risques de tassement. « Ce qui s’en vient est tout simplement incroyable », a-t-il conclu.
Cet article de Seth Forward publié dans Farmtario a été traduit et adapté.
Pour découvrir d’autres nouvelles machineries, cliquez ici.