Semis direct : pourquoi certains ont échoué en 2020

«Les problèmes en semis direct sont survenus surtout dans des champs semés un peu trop tôt et plus ou moins bien drainés»

Publié: 20 décembre 2020

Semis direct : pourquoi certains ont échoué en 2020

Producteurs en semis direct, comment a été votre saison 2020?

«La majorité de mes clients en semis direct s’en sont très bien tirés, mais certains producteurs ont connu des difficultés» rapporte l’agronome Éric Thibault. Le directeur du Groupe PleineTerre, qui est basé à Napierville, a tracé ce bilan le 16 décembre dernier dans le cadre d’une webconférence organisée par le club agroenvironnemental RAAC.

Dans le territoire desservi par le Groupe, les semis ont été très hâtifs. Le maïs s’est semé généralement entre le 22 et le 30 avril, alors que le soya l’a été entre le 25 avril et le 5 mai. Le sol était alors extrêmement sec. Éric Thibault souligne que la région a recu 56 mm de pluie en avril alors que la moyenne se situe à 97 mm.

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Il rappelle aussi que le froid dominait. «La température a commencé à remonter à partir du 22 avril, dit-il. Avant cela, elle s’est tenue bien en deçà des 10 degrés considérés comme le seuil pour semer. Même après le 22 avril, la température a mis du temps à atteindre les 10 degrés.»

Selon l’agronome, deux facteurs expliquent pourquoi certains champs semés tôt en semis direct ont rencontré des problèmes. «En semis direct, dit-il d’abord, la circulation de l’air dans le sol est moins efficace qu’en culture conventionnelle. Quand vous donnez deux coups de vibro, il se fait une aération. Il y avait des sols en conventionnel qui montaient à 10 degrés alors que dans la même zone, ceux en semis direct ne les atteignaient jamais. Même que jusqu’à la mi-mai, la température des sols en semis direct se limitait à un ou deux degrés.»

Un second facteur qui a joué, c’est le phénomène de la remontée capillaire de l’eau. «En semis direct, il se fait une importante remontée capillaire de l’eau chaque nuit, explique-t-il. Même quand un champ en semis direct avait été semé en conditions très sèches, le matin suivant le semis, le sol était noir et humide. Quand les sols sont froids, c’est très dommageable pour la semence de maïs. Cela explique, selon moi, une bonne part des problèmes vécus par certains producteurs cette année.»

«La semence qui gonfle avec de l’eau à deux ou trois degrés, il est bien connu que ça cause des problèmes au niveau de la levée», insiste-t-il.

Un problème particulier s’est ajouté dans certains champs en maïs sur maïs. «Des vents forts ont provoqué l’accumulation de résidus entre les rangs, signale-t-il. J’ai l’impression que les résidus étaient très légers cette année.»

«Je pense que les problèmes en semis direct sont survenus surtout dans des champs semés un peu trop tôt et plus ou moins bien drainés, résume Éric Thibault. On revient toujours à la base du semis direct : il réussit moins bien dans les sols en moins bonne condition avec un drainage inefficace ou un problème de nivellement. Ça s’est vraiment vérifié le printemps dernier.»

 

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Piette

André Piette

Journaliste

André Piette est un journaliste indépendant spécialisé en agriculture et en agroalimentaire.