La récolte de soya a fait ses premiers pas depuis une dizaine de jours au Québec avec l’aide d’une météo favorable. À l’exception de la semaine dernière, le temps est beau et sec, ce qui favorise la maturation des cultures. Le coup de froid de la mi-septembre a également accéléré de processus d’assèchement des plants.
Malgré une météo aux extrêmes en début et en fin de saison, les rendements semblent satisfaisants jusqu’à maintenant. À tout le moins, la catastrophe entrevue avec le déficit hydrique des deux derniers mois ne se serait pas concrétisée et n’a pas l’air d’avoir pesé trop lourd dans le rendement.
Alexandre Couture, d’Agro-service A. Couture, a rapporté sur les réseaux sociaux quelques rendements chez ses clients dans les environs de Nicolet. Il mentionne que la récolte des soyas de maturité 04 à 06 semés à la fin mai ont débuté, grâce à un indice d’humidité de 11 à 14% le 29 septembre. « Malgré la sécheresse et le nombre de gousses inférieur à nos attentes, les rendements s’avèrent mieux que nos prédictions. C’est relativement uniforme dans les champs, même si le soya est plus court qu’à l’habitude », indique l’agronome.
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Selon les calibreurs de rendements, ces derniers se situaient entre 2,96 à 3,95 TM/ha (1,2 et 1,6 TM/acre). Les gousses seraient aussi assez grosses, ce qui contribue au rendement. Dans ses commentaires, Alexandre Couture attribuait les bons rendements aux averses qui se sont déversées dans la région, comparativement aux régions avoisinantes. Il avait aussi remarqué moins de gousses par plants, ce qui fait que l’énergie aurait été concentrée sur les gousses existantes.
Dans les environs de Drummondville, un producteur contacté par Le Bulletin rapportait des rendements satisfaisants, malgré un semis fait le 6 juin. Un cultivar Grizzly R2X récolté également en début de semaine lui donnait un rendement de 1,1 tm/acre à 15%. Un autre cultivar (P007A68), semé à la même date, affichait un rendement similaire. Il rapportait aussi des gousses de bonne grosseur.
Stéphane Myre, agronome pour Bayer, indique que les résultats ne sont pas vraiment une surprise. « C’est très variable cette année. Il y a de tout, partout ». À titre d’exemple, il cite des rendements de 2 tonnes l’acre vus dans le Sud-Ouest, alors qu’à Napierville et d’autres endroits, les producteurs ont enregistré 1,2 à 1,3 tm/acre.
Le soya est également très sec, affichant des indices d’humidité allant de 9 à 11%. Le problème est que ces fèves se brisent lors du battage, un enjeu amplifié par le fait que les plants sont courts cette année, augmentant les pertes dans le champ. « Le froid au moment du semis a nui à la germination, ce qui a produit des plants très courts. Le manque de pluie a aussi amplifié le problème », ajoute M. Myre. D’après ce qu’il a pu observer jusqu’à maintenant, une tendance semble se dessiner dans les variétés semées. Celles moyennement tardives (par exemple 2850) et plus hautes tireraient davantage leur épingle du jeu, comparativement à celles plus courtes. Il y a aussi évidemment d’autres variables en jeu, comme la date de semis, qui se sont étalées cette année jusque tard en juin, et les précipitation reçues. « Il y a une question de timing importante cette année. »
Quant aux effets du gel, ces derniers sont variables selon les régions. Les impacts sont moindres en Montérégie, mais il se pourrait qu’ils soient plus importants sur la Rive-Nord et le Centre-du-Québec.
Les producteurs ayant adopté de bonnes pratiques observent des écarts de rendements moins grands, leur sol étant en meilleure santé. « Dans des années comme celles-ci, ils devraient s’en sortir mieux », remarque l’agronome.
Lors de sa dernière estimation des récoltes le 17 septembre, Statistique Canada prévoyait un rendement de 2,94 TM/ha (1,189 TM ou 43,7 boisseaux à l’acre) pour cette année au Québec, en baisse de près de 12% par rapport à 2024. La production totale de soya devrait totaliser 1,3 million de tonnes, une diminution de 7,8%, malgré une augmentation des superficies de 4,6% à 1,1 million d’acres.
L’organisme fédéral indiquait que des conditions plus sèches que la moyenne avaient été observées pendant la saison de cultures. « Conjuguée à des températures plus élevées, cette situation a fait en sorte que l’état des cultures allait de semblable à la normale à inférieur à la normale au 31 août », indique Statistique Canada.
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