La 9e édition du Porc Show s’est déroulée alors que tout le secteur porcin est en attente de la conclusion du processus de conciliation mené par l’ancien ministre libéral Raymond Bachand entre les Éleveurs de porcs du Québec et les abattoirs de porcs.
Le secteur porcin est en crise depuis avril dernier alors que les Éleveurs de porcs ont été contraints d’accepter une baisse du prix du porc de 40$ du 100 kg pour aider le secteur de l’abattage. Prévue pour trois mois, cette réduction a été reconduite. Cette baisse a été réduite à 25$ en octobre. En conséquence, les éleveurs de porcs toucheront cette année des compensations importantes de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), alors que le prix de référence américain atteint des sommets.
C’est donc dans ce contexte que trois représentants d’abattoirs de porc du Québec et de l’Ontario ont présenté les défis de leur secteur lors du lancement de l’activité et que le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a fait une allocution en fin d’évènement.
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Tempête parfaite
Le Porc Show a débuté par un panel de trois représentants d’abattoirs : Paul Beauchamp, premier vice-président d’Olymel, Arnold Drung, président de Conestoga Meats, et Stéphanie Poitras d’Aliments Asta. D’entrée de jeu, l’animateur Vincent Cloutier avait annoncé que la question du processus de conciliation en cours ne serait pas abordée. Le panel a ainsi abordé les enjeux de l’heure que sont la main-d’œuvre, la hausse de coûts de transport, la gestion serrée, la récession possible à venir, le Québec versus l’Ontario, le bien-être animal, l’inflation et les marges dans la distribution, l’automatisation, et ce, sans toutefois aborder la question qui brûlait toutes les lèvres.

En période de questions, le producteur de porcs Cécilien Berthiaume l’a posée : «Les abattoirs peuvent-ils vivre au Québec sans assurance stabilisation parce que l’ASRA réduit les coûts?». Paul Beauchamp a répondu que cette année, le secteur vit une « tempête parfaite». «Je remercie le soutien des producteurs apporté aux abattoirs, a-t-il répondu. C’est une façon d’éviter la grande déstabilisation de l’industrie. Si vous me demandez “est-ce que c’est possible de trouver un modèle où on pourrait coopérer au Québec sans assurance stabilisation?”, la réponse, c’est oui. Il y aura peut-être moins de volume produit, parce que ce qui vient déstabiliser – il ne faut pas l’oublier, on exporte à peu près 60% de notre production. » Il ajoute qu’il n’est ainsi pas possible de rapatrier toute notre viande lorsqu’il y a des difficultés d’écoulement de viande de porc à l’international. Ainsi, la solution passerait par une réduction de la production porcine.
Lors de son allocution, le ministre André Lamontagne a salué le fait que la filière ait choisi la négociation. Il espère une résolution rapide et une solution stable sur laquelle la filière pourra bâtir son avenir. « Ce qui est remarquable, a-t-il dit, c’est que la filière a nommé quelqu’un en qui les parties ont confiance, Raymond Bachand, pour analyser tout ça, écouter, chercher à amener les parties à la meilleure place possible ultimement, en espérant que cette place-là, ça va être une place stable sur laquelle on va pouvoir continuer à construire. » Il espère un retour de la rentabilité de toute la filière. « Ultimement, ce que l’on veut, c’est que la filière soit rentable. Et pour quelle soit rentable, il faut que tous ses maillons soient rentables parce qu’une chaîne est aussi forte que le maillon le plus faible. » Il a ajouté qu’il n’a aucune intention d’affaiblir l’ASRA.
Le Porc Show a eu lieu à Québec les 6 et 7 décembre. Plus de 900 personnes de l’industrie y ont participé. Il s’agissait d’un retour en présentiel après deux ans de pandémie de COVID-19.