Selon le président-directeur général de l’Association des détaillants en alimentation du Québec, Florent Gravel, c’est un mythe de croire qu’il est difficile pour les petites entreprises de distribuer ses produits agricoles.
« Les supermarchés ont actuellement plus de 40 000 pieds carrés de superficie, alors qu’ils n’avaient que 10 000 pieds carrés dans les années 1980 », a-t-il dit lors d’un débat organisé par l’Association des communicateurs et rédacteurs de l’agroalimentaire (ACRA) à l’occasion de son congrès annuel le vendredi 13 septembre et animé par l’ancien sous-ministre du MAPAQ Michel R. Saint-Pierre. La variété de produits offerts est aujourd’hui plus vaste que jamais.
« La problématique n’est pas dans la volonté des marchands de mettre les produits sur les tablettes, répond le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, André Plante. Le problème, c’est la concentration et la mise sur place de grands centres de distribution. Ça implique de livrer en plus grands volumes. »
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Les producteurs doivent s’adapter, mais tous n’y parviennent pas. Sur ce, André Plante a lancé un cri du cœur à Florent Gravel. « Faites quelque chose, a-t-il dit. Sinon, on va avoir de plus en plus de difficulté. »
Le professeur en marketing à l’Université du Québec en Outaouais Normand Bourgault affirme pour sa part que « même si les tablettes se sont allongées, l’espace tablette des produits locaux reste extrêmement réduite ». Normand Bourgault est spécialiste de la mise en marché et des réseaux de distribution de l’agroalimentaire.
L’espace tablette reste très difficile à conserver et trop souvent les produits locaux se retrouvent dans des recoins moins intéressants. Florent Gravel a admis que les détaillants vendent l’espace tablettes, ce qui déplace les produits locaux pour les rendre moins intéressants. « C’est au plus fort la poche », avoue-t-il.
Produits populaires
Les produits québécois ont pourtant la cote auprès des consommateurs. La preuve ? Les consommateurs achètent les fraises du Québec, malgré la présence de fraises étrangères qui se vendent à meilleur prix, explique André Plante. « Parce qu’elles sont meilleures », insiste Florent Gravel.
Le consommateur se dit prêt à payer plus, mais dans la pratique, c’est une autre chose. Selon Normand Bourgault, le produit québécois ne devrait pas dépasser de 15% le prix d’un produit équivalent. Après ce seuil, le portefeuille prend toute la place dans la décision du consommateur. Autre élément intéressant : la décision d’acheter québécois n’est pas une question de revenu, mais de valeur.
La campagne Aliments du Québec, que l’Association des détaillants en alimentation stimule dans les supermarchés, a un bon succès auprès des consommateurs, explique Florent Gravel. Lorsqu’un produit québécois est clairement identifié en magasin, le consommateur montre de l’intérêt pour l’acheter.
« La recherche a démontré que le lieu de production n’est pas important pour le consommateur, sauf si le lieu de production est clairement identifié », explique Normand Bourgault.