Les pairies ont besoin d’azote! (suite et fin)

Publié: 8 juin 2014

Seulement du lisier?
« Lorsqu’un producteur n’applique que des lisiers, ses sols s’enrichissent en phosphore à la vitesse grand V. Les besoins en phosphore et en potasse seront comblés, mais après plusieurs années, le champ sera saturé et ne pourra plus du tout recevoir de lisier. L’azote qui n’a pas été ajouté en engrais minéral deviendra la seule fertilisation possible », explique l’agronome Sylvain Laroche, du Club agroenvironnemental de l’Estrie.

La fertilisation des prairies c’est toujours du cas par cas », insiste l’agronome. Ses recommandations incluent des notes qui accordent au producteur la flexibilité de gérer ses applications en fonction du niveau de lisier dans sa fosse, de la météo et de ses liquidités pour acheter de l’engrais.

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Le Guide de référence en fertilisation du CRAAQ évoque de 75 à 160 unités d’azote pour les prairies, la dose recommandée devant être modulée en fonction de la proportion légumineuses-graminées. D’après Sylvain Laroche, si on vise trois ou quatre coupes, il faut tendre vers les 160 unités.

Pas de lisier au printemps

Marcel Bisson a pris l’habitude de ne pas mettre de lisier au printemps dans ses prairies. Il préfère l’appliquer aux champs destinés au maïs. L’an dernier, il a épandu du lisier sur des prairies après la deuxième coupe, ainsi qu’après la troisième et dernière coupe.

« Si on applique du lisier au printemps, on a deux prises contre nous, illustre Robert Berthiaume, expert en production fourragère chez Valacta. Premièrement, la vie microbienne n’est pas encore très active et la minéralisation de l’azote organique du lisier est lente. Deuxièmement, le sol est humide et vulnérable à la compaction. » Il est donc préférable d’appliquer le lisier dans les champs de cultures annuelles, quitte à corriger la compaction par un travail de sol à l’automne.

Dans les prairies mixtes, un apport d’azote minéral dès la repousse est doublement bénéfique : il fait souvent encore trop frais pour que les légumineuses fixent leur propre azote et les graminées – souvent dominantes dans la première coupe – ont de grands besoins en azote.

La fertilisation minérale azotée est carrément un moyen de diminuer ses coûts de production, croit Mario Gauthier. « Que l’on produise cinq ou huit tonnes de matière sèche à l’hectare, le prix de la terre, de la machinerie et de la main-d’œuvre est le même. L’engrais minéral est une dépense, mais elle rapporte gros, parce que sur de bonnes terres, elle permet de meilleurs rendements. Et c’est le rendement à l’hectare qui a le plus d’impact dans le coût de production d’une tonne de fourrage. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Dumont

André Dumont

Journaliste

André Dumont est vidéaste et journaliste spécialisé en agriculture et agroalimentaire. Il collabore au Bulletin des agriculteurs depuis 2007.