Valeur commerciale et valeur nutritive
Alors que la valeur marchande est établie selon une évaluation des caractéristiques physiques du grain, la composition des moulées est plutôt réalisée sur la base d’analyses chimiques, explique en entrevue le professeur Michel Lefrançois, de l’Université Laval. « La valeur nutritive n’est pas en corrélation directe avec la valeur commerciale », dit-il.
« On tient pour acquis qu’un grain dense, lourd et non endommagé a une meilleure valeur nutritive », explique le professeur du Département des sciences animales. Dans les faits, les meuneries ajustent les moulées à la suite d’analyses plus poussées. Et à la mangeoire, il a été démontré que les porcs et les bovins ajustent leur volume de consommation en fonction de leurs besoins et de la richesse des grains qu’on leur sert.
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Un maïs au poids spécifique élevé contiendra vraisemblablement plus d’amidon, affirme Michel Lefrançois. Mais plusieurs autres facteurs influent sur la valeur nutritive des grains. Par exemple, un grain moins mature sera plus riche en protéine, tout comme un petit grain qui contient proportionnellement plus de membrane qu’un gros grain. Un grain qui a chauffé au séchage pourrait même avoir un amidon plus digestible.
En 1991, pour sa thèse de doctorat, Michel Lefrançois a analysé la valeur alimentaire de différents types de grain en fonction de leur poids spécifique. « Dans le cas du maïs, il fallait avoir un écart assez grand dans le poids spécifique pour observer un impact sur la qualité alimentaire », se rappelle-t-il. La génétique des hybrides et les pratiques culturales ont beaucoup évolué depuis, reconnait-il.
Les grandes gagnantes seraient-elles les meuneries, qui arrivent à faire d’excellentes moulées avec du maïs No3 ou No4, après l’avoir acheté à moindre prix que du No2? Question difficile à répondre.
« D’une certaine façon, le maïs No3 peut être considéré comme une aubaine, croit Michel Lefrançois. Si j’avais à acheter des grains, j’irais vers la qualité moyenne, dans la mesure où il n’y a pas de dommages qui peuvent avoir un effet sur la santé de l’animal. »