Le ministre du MAPAQ André Lamontagne a présenté jeudi sa réponse à la commission sur les pesticides avec un plan visant à faire opérer un tournant à l’agriculture québécoise. Le Plan d’agriculture durable (PAD) propose d’investir 125M$ sur dix ans.
Le Plan d’agriculture durable vise cinq objectifs :
- réduire l’usage des pesticides et les risques qu’ils présentent pour la santé et l’environnement;
- améliorer la santé et la conservation des sols;
- améliorer la gestion des matières fertilisantes;
- optimiser la gestion de l’eau;
- améliorer la biodiversité.
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Selon les propres mots du ministre Lamontagne, les producteurs seront au cœur du Plan d’agriculture durable, mais pour réussir cette transition et pour accélérer les changements, « les producteurs ont besoin d’être accompagnés davantage ».
C’est pourquoi une part importante des 125M$ proposés dans le plan, soit 70M$, iront à « la reconnaissance des efforts des producteurs agricoles et des pratiques agroenvironnementales favorables qui vont au-delà des exigences réglementaires et qui généreront des gains environnementaux importants ». Cette approche adaptera « une optique de partage des risques ».
Deux autres axes du plan sont consacrés à la formation continue des producteurs, associés à une enveloppe de 25M$. Un autre montant de 30M$ ira pour sa part à la recherche.
Plus précisément, les producteurs se verront offrir des cours en agroenvironnement par l’Institut de technologie agroalimentaire, adaptés selon les régions. Le MAPAQ souhaite aussi développer les connaissances en agriculture durable. Il met donc sur pied un partenariat de recherche sous la responsabilité du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies avec le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion. Ce pôle en agriculture durable réunira les différents acteurs impliqués en recherche fondamentale et appliquée.
L’Office des professions a aussi eu le mandat de revoir la Loi sur les agronomes afin d’adapter et de moderniser la pratique avec « les défis, les enjeux et les outils d’aujourd’hui », a indiqué le ministre Lamontagne.
Le MAPAQ prévoit déployer 75 agronomes à l’application du PAD. Ces ressources devraient être disponibles grâce à une réorganisation du travail de soutien pour libérer les agronomes souvent pris à accomplir des tâches de bureau liées aux programmes plutôt que d’être sur le terrain. L’embauche de 20 nouveaux agronomes est aussi prévue.
Un projet pilote devrait voir le jour en 2021 afin de confirmer « les meilleures façons de rétribuer les producteurs agricoles adoptant les bonnes pratiques ». Le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture aura le mandat d’évaluer ces façons. L’année 2022 verrait par la suite l’implantation des programmes en lien avec les meilleures pratiques.
L’Union des producteurs agricoles (UPA) et Équiterre ont salué le plan. Marcel Groleau a souligné les efforts déjà mis en place avec des résultats sur la diminution de l’utilisation des pesticides, tout en souhaitant une plus grande place des groupes d’agri-conseils. Équiterre a qualifié le plan de « grand pas en avant ». Le groupe a ajouté que « le gros du travail reste à faire et qu’il faudra surveiller la mise en place du plan ».
C’est aussi le cas de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais puisque le « ministère reconnaît le rôle de l’agriculteur dans la transformation positive du territoire et de la pratique d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Surtout, il l’encourage à adopter de meilleures pratiques vertes en lui proposant les incitatifs nécessaires ».
Le scientifique en chef a pour sa part salué la reconnaissance de la recherche pour l’avenir de l’agriculture et de la société.