Creux de l’automne, que peut-on espérer comme prix de vente cette année?

Publié: 27 octobre 2021

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Creux de l’automne, que peut-on espérer comme prix de vente cette année?

S’il y a une constance dans les marchés des grains, c’est que l’automne correspond généralement aux creux de l’année pour les prix, au Québec comme à la bourse. C’était vrai l’an dernier, lorsque les prix ont commencé à s’envoler rapidement, au début septembre, et pour les années précédentes aussi où nous avons touché le fond du baril normalement un peu plus tard à l’automne.

Au fil des années, j’ai lu des livres et assisté à des formations qui proposaient différentes approches pour se bâtir des stratégies de mise en marché à partir de ce concept. L’idée centrale, rien de révolutionnaire ici, est de bien connaître avec le temps l’amplitude de la variation des prix dans sa région entre ce qui est proposé à la récolte et dans les mois suivants. Ci-joint un tableau sommaire pour l’ensemble du Québec dans le cas du maïs.

Le résultat de la colonne de la moyenne représente en quelque sorte la stratégie d’un producteur qui vendrait une même quantité tous les mois, chaque année, depuis 2010. Au net, cette stratégie n’est pas mauvaise, mais sans plus. Si on la respecte à la lettre, on obtient un gain moyen de plus de 11,50$/tonne.

Ensuite, on peut présumer qu’un producteur qui a du flair parvient à tirer son épingle du jeu un peu mieux, avec des gains se situant entre la moyenne et le maximum de gain, de 11,50 à 37,50 $CAN/tonne avec les années.

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Si vous ne faites cependant pas partie de ceux qui ont une approche aussi rigoureuse de vendre chaque mois un même volume, ou encore que vous n’avez pas un flair à tout casser pour votre mise en marché, les résultats peuvent être beaucoup plus variables.

En prenant l’ensemble des meilleurs et des mauvais coups, ce qui correspond en quelque sorte à faire la moyenne des résultats des colonnes minimums et maximums du tableau, on obtient alors un résultat final après 11 ans d’un gain moyen sur ses ventes autour de 12,44 $/tonne.

Ceci m’apparaît d’autant intéressant que nous avons certains résultats exceptionnels dans la colonne des maximums de gains, à commencer par cette année à 128,45 $/tonne. Et pourtant, ils n’auront pas été suffisants pour vraiment mousser la moyenne des gains au fil des années, à seulement 12,44 $/tonne encore une fois.

Certains diront cependant, et avec raison, que cette interprétation n’est pas nécessairement le bon reflet de leur approche de vente. Par exemple, beaucoup de producteurs vendent une bonne portion de leur maïs de décembre au printemps.

A priori, le résultat n’est cependant pas nécessairement beaucoup plus intéressant comme le démontre cette nouvelle version du tableau basé sur des ventes de décembre à mai.

Celui qui vend des volumes constants chaque mois au cours de cette période s’en tire avec un gain moyen de près de 12,50 $/tonne, pas nécessairement beaucoup mieux que s’il avait vendu pendant tous les mois de l’année. Si on prend ensuite l’ensemble des meilleurs et pires gains et pertes, on obtient alors une moyenne plus décevante, à seulement 7,51$.

Une autre approche populaire consiste à ne rien vendre avant l’été, pas avant juin et jusqu’en septembre par exemple. Certains producteurs ne démordent pas de cette stratégie, jugeant que les prix sont « toujours » meilleurs dans les derniers mois avant les récoltes à l’automne. Ceci n’est pas tout à fait faux, mais pas pour autant une stratégie à tout casser non plus.

Comme le présente cette autre version de notre tableau, basé cette fois-ci sur des ventes de juin à septembre, cette stratégie a le mérite d’être la seule à proposer avec le temps des résultats toujours positifs.

Celui qui vend tous les mois une même quantité de juin à septembre, notre colonne de moyenne, obtient un peu mieux qu’avec les autres stratégies, à près de 16$/tonne. Le producteur qui ne fait que des mauvais coups, la colonne minimum, obtient quand même un gain de plus de 2,50 $/tonne. Et finalement, celui qui frappe toujours des coups de circuit, la colonne maximum, parvient à un gain moyen de près de 29$/tonne.

De l’ensemble des résultats, il y a cependant une constante importante qui revient : en-dehors des années hors-normes, comme ce fût le cas par exemple l’an dernier, les meilleurs gains potentiels entre vendre son maïs durant la récolte ou plus tard dans l’année se situent au mieux autour de 20-30$ la tonne lors d’année normale. Et c’est si vous vendez au bon moment pendant l’année…

Alors, serons-nous de nouveau dans une année d’exception en 2021-22? Tout est toujours possible. Qui sait, nous assisterons peut-être bien à une grave sécheresse en 2022 par exemple? Bien que j’en doute, l’appétit de la Chine pourrait toujours aussi nous surprendre de nouveau comme l’an dernier.

Mais à défaut que ce soit le cas, certains creux saisonniers semblent se confirmer au Québec autour de 265-275 $/tonne (selon les régions) pour le maïs. Au mieux, nous graviterons plus tard cette année autour de 300-305$/tonne, et peut-être bien un peu plus avec une touche d’inflation…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.