Les Éleveurs de porcs du Québec accordent plus de place à la relève

La relève porcine est motivée, performante et reconnaissante

Publié: 9 novembre 2021

Louis-Philippe Roy, Lori-Ann Berthiaume et Mathieu Pilote étaient les trois producteurs invités lors du panel dans le cadre du Forum stratégique des Éleveurs de porcs du Québec. Il était animé par le directeur général, Alexandre Cusson, et le directeur général adjoint Steve Gagnon.

Les nombreux défis dont font preuve les éleveurs de porcs au Québec ne découragent pas certains jeunes à prendre la relève d’entreprises porcines. Dans le cadre du Forum stratégique des Éleveurs de porcs du Québec le 4 novembre 2021, trois relèves ont présenté leur entreprise, leur vision et leurs réflexions au sujet des enjeux du secteur.

Ce panel a eu lieu alors que les Éleveurs de porcs du Québec ont annoncé la mise sur pied d’un comité sur la relève. Le président de ce comité est aussi le 2e vice-président des Éleveurs de porcs, Louis-Philippe Roy. Il est copropriétaire de l’entreprise Les Cochons du Roy, dans Bellechasse. Celui-ci faisait d’ailleurs partie du panel, en plus de de Lori-Ann Berthiaume de Porc SB, en Beauce, et de Mathieu Pilote de la Ferme Pilote dans Charlevoix.

Lori-Ann Berthiaume: performance

À lire aussi

Les bovins de race Highland sont des animaux extrêmement résistants au froid, mais ils ont du mal à supporter la chaleur estivale.

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur 

La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie. 

Alors qu’elle avait une formation universitaire en administration et finances, Lori-Ann Berthiaume a décidé de revenir sur l’entreprise familiale. En 2018, elle devenait l’unique propriétaire de Porc SB, une entreprise qui élève aujourd’hui tous les porcs produits par ses 1850 truies, ce qu’on appelle une entreprise de type naisseur-finisseur. L’entreprise a aussi une meunerie qui produit 22 000 tonnes de moulée. Lorsque l’entreprise a perdu son contrat de vente de porcelets, elle a choisi d’élever tous les porcs. Aujourd’hui, l’entreprise a 7000 places en pouponnière et 18 500 places en engraissement.

Tout comme les deux autres producteurs sur le panel, Lori-Ann Berthiaume vise la performance. Elle vise à être tout le temps dans les 25% supérieurs. L’un des plus grands défis, selon elle, c’est la main d’œuvre. Quand elle a débuté dans l’entreprise en 2004, 100% des travailleurs étaient québécois. En 2018, 50% des employés de ferme étaient des travailleurs étrangers. Aujourd’hui, ils représentent 75% des travailleurs de ferme. Son objectif est de développer le sentiment d’appartenance des employés pour qu’ils agissent comme si c’était leur entreprise.

Mathieu Pilote: efficacité

En 2017, Mathieu Pilote a racheté les parts de son oncle et sa tante sur l’entreprise familiale. Il est aujourd’hui copropriétaire avec ses parents, Raynald Pilote et Jacynthe Gagnon. L’entreprise de type naisseur-finisseur possède 290 truies et produit autour de 7000 porcs par an. Ils ont choisi d’avoir une ferme efficace plutôt que d’en avoir une grande. « J’ai pris la relève pour une raison, dit-il. Je ne voulais pas que ce que mes parents avaient bâti tombe dans l’oubli. »

Louis-Philippe Roy: optimisation

Louis-Philippe Roy n’a pas grandi sur une ferme porcine. Lorsqu’il travaillait dans le secteur, jamais il n’aurait pensé devenir producteur, encore moins de représenter les Éleveurs de porcs du Québec. Lui et sa conjointe, Claude-Émilie Canuel, sont devenus propriétaires de leur ferme en 2013 par un transfert non-apparenté. Ils ont une entreprise de type naisseur-finisseur de 210 truies. Ils ont choisi de rester petits, mais de miser sur la performance. « La productivité et l’optimisation, tout tourne autour de ça », dit Louis-Philippe Roy. Il ajoute que les producteurs de porcs d’aujourd’hui et la relève en particulier n’ont pas le choix de miser sur ces objectifs.

Si c’était à refaire

Lori-Ann Berthiaume avoue qu’elle a été naïve de s’embarquer dans cette aventure, mais qu’au final, c’est ça qui agit comme moteur pour permettre à l’entreprise d’avancer. Mathieu Pilote estime que s’il avait vu quelle montagne il allait gravir, il ne serait pas producteur de porcs aujourd’hui. Cela l’a toutefois fait grandir. Il apprécie travailler avec ses parents. Il s’agit d’un appui indispensable. Lori-Ann Berthiaume ne veut rien changer de son expérience même si ça n’a pas toujours été facile. La présence de son père, Cécilien Berthiaume, l’a réconfortée. « Mon père m’a montré que c’était important de bien m’entourer », dit-elle.

Ayant une formation collégiale, si c’était à refaire, Louis-Philippe Roy aurait choisi d’aller étudier en agroéconomie à l’université. Les défis qui attendent la relève agricole sont tellement grands aujourd’hui qu’il faut une solide formation en gestion. Mathieu Pilote ajoute que la gestion, c’est ce qui est le plus important. « La gestion, c’est la dernière chose qu’on doit déléguer », dit-il.

Leur plus grande fierté

Lori-Ann Berthiaume s’était fixée trois objectifs : avoir du fun, avoir une entreprise productive et s’améliorer. « Tout le monde a embarqué », dit-elle avec fierté de son équipe. C’est ce qui a permis à l’entreprise de progresser autant. Mathieu Pilote a beaucoup amélioré les performances en engraissement grâce aux KPPI (kilos produits par porc indexé). Un meilleur suivi des performances en engraissement en plus de performances en maternité a aidé l’entreprise. Lorsqu’ils ont acheté la ferme, Louis-Philippe Roy a dit qu’un jour ils seraient les premiers au niveau des performances. L’entreprise devrait cette année être la première pour leur compagnie de génétique.

Particularités de la relève porcine

Selon Louis-Philippe Roy, la relève en production porcine doit être forte, déterminée. « Ça prend du monde entêté, ajoute Mathieu Pilote. Ceux qui restent sont la crème. » Ils doivent être performants et croire en leurs capacités. Selon Lori-Ann Berthiaume, il faut être résilient.

Partenariat avec les acheteurs

Pour Lori-Ann Berthiaume, il faut se concentrer sur le client. Il faut avoir plus de communications avec les acheteurs. Mathieu Pilote souhaite une vision commune en filière. « Le Québec, ce n’est pas gros, dit-il. Pour que le Québec soit fort, il faut travailler ensemble. Le Québec au complet, c’est un producteur aux États-Unis. » Sur ce, Louis-Philippe Roy dit qu’il faut travailler ensemble, se parler et avoir de la créativité. « Il faut arrêter de se tirailler », dit-il.

Le mot de la fin

Mathieu Pilote demande aux producteurs de faire confiance en leur relève. « Une entreprise par définition, c’est de prendre des risques », dit-il. Lori-Ann Berthiaume dit qu’il est important pour la relève d’être productive et de viser être les meilleurs. Louis-Philippe Roy demande aux parents de parler positivement de l’agriculture, de leur métier. C’est comme ça qu’ils réussiront à motiver leurs enfants à prendre la relève. « Il faut cultiver la fierté », dit Mathieu Pilote.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.