La relève non apparentée : une option gagnante

En s’y prenant à l’avance et en se faisant bien accompagner, le transfert non apparenté donne des solutions satisfaisantes pour la continuité des fermes

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Publié: 5 décembre 2024

Deux fermiers se serrent la main

« Ayant moi-même repris une ferme qui n’était pas dans ma famille, j’ai travaillé fort avec mon épouse pour améliorer l’exploitation et la faire prospérer. À l’approche de la retraite, c’est sûr que je voulais que l’entreprise continue! Quand l’option de la relève familiale n’a pas fonctionné, nous nous sommes tournés vers la relève externe », raconte Richard Filion.

Il faut dire que Richard Filion avait soigneusement maintenu les infrastructures à niveau dans les dernières années. De plus, la mise en marché était bien rodée : de la production à l’emballage, la Ferme Drapeau assure l’approvisionnement en pommes de terre de plusieurs supermarchés locaux. C’est un atout dans un transfert : en effet, on ne s’attend pas à ce que la relève soit forcément capable d’investir massivement les premières années de son installation.

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Après un repreneur prospectif qui n’a pas donné suite, Richard Filion a rencontré l’agent de maillage L’Arterre de sa région pour l’aider dans ses démarches. On sait que de nombreuses questions se posent en abordant le transfert et l’on peut vite se sentir dépassé : quel genre de relève viser? Comment s’assurer que ce sont les bons candidats? Sur quel revenu compter plus tard? Aurais-je besoin d’une nouvelle maison? Comment transmettre mon savoir-faire? C’est là que les services d’accompagnement tels que ceux offerts par L’Arterre ou les conseillers et conseillères en transfert font toute une différence.

Une fois la décision de transférer la ferme confirmée, l’agent de maillage met en contact les propriétaires avec de potentielles relèves dans le but de trouver la perle rare. Candidats et candidates passent par un processus de qualification afin de maximiser les chances de succès de leur projet. L’agent (ou l’agente) analyse leur expérience agricole, leur formation et leur capacité d’accès à des mises de fonds et à des subventions.

Richard Filion souligne l’importance de cet accompagnement. « C’est primordial d’avoir ça. On fait tout le processus bien encadré. C’est la plus belle entente qu’on peut avoir entre acheteur et vendeur. Tous les enjeux sont bien détaillés, tout est sur la table. On est aidé, et cela facilite énormément les choses : l’agent de maillage nous pose les bonnes questions, il sait où chercher des réponses et il voit beaucoup de détails auxquels on n’avait pas pensé », dit-il.

Une transition en douceur

Il est recommandé de réaliser une période d’essai de quelques mois ou plus, pour s’assurer que la relève s’adapte à tous les aspects de la gestion de la ferme et que le cédant se sente en confiance de conclure la transaction. À la Ferme Drapeau, le couple repreneur a été employé durant plusieurs mois afin de maîtriser l’ensemble des tâches de production, d’administration, de conditionnement et de mise en marché. Cette période permet aussi de s’asseoir et de regarder, avec des spécialistes, les aspects financiers et légaux du transfert d’entreprise.

« Souvent, les jeunes arrivent et pensent tout savoir, dit Jonathan Gagné Lavoie, agent de maillage L’Arterre au Bas-Saint-Laurent, mais ils en ont encore beaucoup à apprendre. De leur côté, si les propriétaires sont là pour partager leur expérience, ils doivent aussi faire preuve d’ouverture aux nouvelles idées. Lorsque les bonnes personnes sont en contact, elles sentent qu’elles partagent des valeurs et des façons de travailler pour la réussite de la ferme et du projet. » C’est bien ce qui est arrivé pour Richard Filion et sa relève. « On a eu une bonne collaboration avec les repreneurs. Ils mettent leur touche à la ferme, mais ils m’appellent encore de temps en temps pour me consulter. (…) Il y a de la confiance. C’est une satisfaction de constater que notre travail va perdurer », affirme le producteur de pommes de terre retraité.

L’expérience montre donc qu’en s’y prenant à l’avance et en se faisant bien accompagner, le transfert non apparenté donne des solutions satisfaisantes. « Savoir prendre le temps de travailler avec notre relève pour voir si ce sont les bonnes personnes, leur faire voir l’entreprise au complet, comment ça va rouler, qu’est-ce qu’ils vont vivre… C’est le plus beau transfert qu’on ne peut pas avoir, conclut Richard Filion. Et il ne faut pas avoir peur de ce processus : la terre va continuer à tourner, on remet la ferme entre les mains des repreneurs, il faut faire confiance. » Ce cheminement humain, c’est aussi ça un transfert bien accompagné.

*Cet article est issu d’une collaboration entre le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et Le Bulletin des agriculteurs.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Barbara Vogt

Rédactrice

Barbara Vogt est chargée de projets aux publications pour le Centre de références en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ).