
Les entreprises d’économie sociale sont des modèles de plus en plus adoptés par des entrepreneures et entrepreneurs agricoles. Le Centre québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) observe de près cette évolution. Un nouveau guide et un rapport d’étude montrent les multiples intérêts de ces modèles.
Différents modèles
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Vous êtes sans doute familier avec les CUMA (Coopératives d‘utilisation de matériel agricole). En facilitant le partage de machinerie agricole, elles permettent une réduction des coûts de production et du parc d’équipement des fermes membres. Mais savez-vous qu’il existe aussi deux coopératives de remplacement agricole au Québec : le Relait (Jonquière) et La Halte (Aston Junction)? Elles mettent à disposition des employé(e)s qualifié(e)s, aidant à pallier ponctuellement les défis de main-d’œuvre et soutenant ainsi directement la santé physique et mentale des agriculteurs et agricultrices de leurs régions.
Un autre modèle se développe activement au Québec : les fermes coop et les fermes OBNL. Ces entreprises sont gérées de manière collégiale par leurs membres agricultrices et agriculteurs.
En soutien à la relève, les fermes collectives (ou motels agricoles) et les incubateurs agricoles accueillent des entreprises débutantes en louant des terres et en mutualisant les infrastructures (eau, électricité, équipements). De plus, les incubateurs assurent un véritable accompagnement au démarrage.
Étude du Centre québécois de la coopération et de la mutualité
L’étude pilotée par le Centre québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) a mis en évidence la force de ces structures : elle réside dans l’implication importante de leurs membres dans la gouvernance démocratique et la gestion collective. Également, elles ont accès à des sources de financement variées et montrent une solide orientation vers la durabilité agroécologique. « Leur résilience est élevée : près de 53 % des coops agricoles étaient toujours en activité après 10 ans, un taux supérieur aux entreprises privées du secteur qui affichaient un taux de survie de 22 % », souligne Marie Lacasse, conseillère au CQCM. « Ces modèles répondent à des besoins bien actuels du monde agricole : le soutien à la relève, l’accès à la terre et aux ressources, la conciliation travail-vie personnelle et le partage de la charge de travail. »
« Les coop favorisent aussi la diversification des activités », constate Habib Bardi, rédacteur de l’étude et du guide. « Elles ajoutent d’autres volets à leur production agricole et à la création d’emplois : les plateaux d’insertion professionnelle, la transformation alimentaire, la collaboration avec des organismes communautaires locaux, l’agrotourisme ou même des évènements festifs. Elles valorisent la consommation locale auprès de la population. Elles entraînent donc des retombées positives tant sur le plan économique que social, pour leurs membres et pour la communauté. »
Elles rencontrent cependant des défis. « Les entreprises sondées nous ont témoigné du manque de connaissance de leurs structures par les institutions financières ou les comptables, par exemple. Nous avons aussi constaté des lacunes dans l’information disponible pour les professionnels d’accompagnement », souligne Marie Lacasse. Une meilleure formation de ces professionnels aux spécificités des modèles coopératifs et OBNL est donc cruciale pour améliorer leur soutien et pour optimiser leur gestion financière et juridique. C’est pourquoi le CQCM, la vigie du mouvement coopératif au Québec, en collaboration avec le CRAAQ et plusieurs partenaires autant du monde de l’économie sociale que de l’agriculture, viennent de publier deux documents. Le guide Les modèles d’économie sociale en agriculture : Les clés pour démarrer, coopérer et mutualiser s’adresse aux entreprises installées ou en création. Le rapport d’étude La viabilité des entreprises d’économie sociale en agriculture vise à outiller les professionnel(le)s de l’accompagnement. Disponible gratuitement sur le site du CRAAQ.
*Cet article est issu d’une collaboration entre le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et Le Bulletin des agriculteurs.
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