Déjà deux ans qu’on obtient des prix dans les hauts de la fourchette pour nos récoltes. Le scénario 2010-2012 semble vouloir se reproduire. C’est excitant, voire payant, quand on atteint ce genre de niveau de prix. Mais comme tout ce qui monte rapidement finit toujours par redescendre, c’est certain qu’un jour ou l’autre, les prix reviendront dans un corridor normal.
Ça peut paraître long 7-8-9-10 ans à végéter dans un corridor de prix qui ne répond pas aux charges qu’on s’est nous-même infligées en périodes plus fastes. Ce que je retiens de la situation, c’est que je dois garder mon plan d’affaires et constamment réussir à faire plus avec moins, si je veux rester compétitif. Je dois donc enligner mes prévisions budgétaires sur la « normale » qui se retrouve entre ces périodes de luxe. Et qui dit période de luxe, dit augmentation des intrants, des équipements, du carburant, etc.
Je concentre mes énergies sur ce que je connais le mieux : notre ferme. Je me pose continuellement la question : comment faire plus avec moins? Un système de culture efficace avec une bonne stratégie de couvert végétal nous aide grandement. La planification stratégique de nos cultures nous permet de réduire nos dépenses côté pesticides et l’efficacité du couvert végétal nous permettre d’être moins touchés par la hausse exponentielle des fertilisants.
À lire aussi

Nos champs changent
Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.
Côté équipement, on a enfin compris que c’est un mal nécessaire, un item incontournable dans lequel on peut contrôler les impacts financiers sur notre ferme en déterminant mieux nos besoins. Besoin d’un tracteur pour 500 heures de travail. Je peux acheter neuf, usagé ou aller en mode location. Je peux aussi évaluer la possibilité de le faire travailler seulement 250 heures, si je décide de modifier mon système vers le travail réduit ou carrément en semis direct.
Négocier un bon prix pour notre carburant qui pourrait nous faire économiser (0,01$/litres*40 000 litres représentent une économie annuelle de 400$). Passer vers un système de semis direct nous amène à consommer 20 000 litres de moins à 1$/litre. Un gain annuel de 20 000$. Je n’ose imaginer si le carburant atteignait 2$. J’ai le choix d’établir mes priorités et d’en capturer les bénéfices. En plus, on double la période d’amortissement de la machine. Et même si on sait que les équipements coûteront encore plus cher dans 5-10-15 ans. Les bénéfices annuels engendrés par le non- remplacement couvriront amplement la hausse du même bien dans le futur.
On a fait un peu le même raisonnement avec Gertrude. Oui, elle a moins de capacité quotidienne de récolte que les nouvelles. Le fait de multiplier nos cultures et d’élargir la période de récolte nous permet de récolter régulièrement et ainsi d’éviter de se retrouver coincés avec de trop grandes superficies à sauver tard l’automne dans des conditions qui pourraient être difficiles pour nos sols. Simplement le fait d’allonger notre période de possession : faire 4000 heures au lieu de 2000. Faire 8000 heures, au lieu de 2000. J’ai fais le calcul. « Ça swing directement sur notre bénéfice net! »
Il s’agit de bien évaluer nos options. Et si ça vous intéresse. Ne manquez pas le Rendez-vous végétal demain avant midi. Une des conférences portera sur ce sujet d’actualité : Mon parc de machinerie d’y tiens!