Trouvez-vous que les dernières semaines ont été olé-olé au plan des travaux de champ? Dans plusieurs régions, les coups d’eau surviennent aux trois jours! Le temps que le sol se ressuie, cela ne laisse pas grand temps pour pulvériser les herbicides ou appliquer l’azote.
Un second facteur est venu corser la situation. «Les conditions sont particulièrement difficiles pour les producteurs qui font faire leurs applications à forfait, signale Jean-Francois Lemoine, de l’Agrocentre Farnham, en Montérégie. Comme tout le monde a semé en même temps pendant la fenêtre d’une dizaine de jours qu’on a eue en mai, ils doivent aussi faire leurs applications dans la même période. Les forfaitaires ne savent plus où donner de la tête!»
L’agronome se demande si un troisième facteur ne vient pas ajouter de la pression. «Il me semble que les producteurs font de plus en plus appel au travail à forfait, dit-il. C’est une impression que j’ai, je n’ai pas de statistiques pour le vérifier.» Si elle est fondée, cette tendance serait paradoxale, car à mesure que les exploitations grossissent, il serait au contraire logique de s’attendre à ce que les producteurs soient de plus en plus enclins à s’équiper pour pouvoir faire eux-mêmes leurs applications.
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Dans sa région, le conseiller constate que ce sont surtout les applications d’herbicides qui ont souffert de la conjoncture. Il y a fort à parier que le constat serait le même dans plusieurs autres régions. La conséquence, c’est que plusieurs producteurs ont dû procéder à des substitutions d’herbicides. «Un cas typique, décrit Jean-François Lemoine, c’est celui où le producteur avait prévu utiliser dans son maïs un herbicide résiduel hâtif de post-levée comme le Halex ou le Destra. Ce sont des produits qui s’appliquent au stade hâtif. Comme il n’a pas pu profiter d’une fenêtre de traitement, il a dû changer pour un herbicide plus adapté qui peut être appliqué jusqu’au stade 8 feuilles.»
«Cette année, le glyphosate sera très pratique, ajoute-t-il. C’est un produit très doux, efficace et à large spectre. On va probablement utiliser plus d’adjuvants ou encore le combiner à un herbicide contre les feuilles larges comme le chou gras, qui devient difficile à contrôler avec le glyphosate à mesure qu’il se développe.»
Les applications d’azote ont causé elles aussi des soucis à certains producteurs. «Quelques producteurs ont délaissé le 32 au profit de l’urée pour gagner du temps, observe-t-il. Considérant la fréquence des pluies ce printemps, les risques de perte par volatilisation sont réduites.»
Pour compléter ce portrait, Jean-Francois Lemoine signale que certains semis n’ont pas encore été réalisés. «On voit ça par exemple sur des entreprises qui cultivent de grandes superficies ou encore qui ont dû attendre après leur forfaitaire pour l’épandage du fumier», rapporte-t-il.
«La bonne nouvelle, c’est que les champs sont quand même très beaux en général», se réjouit-il.