« Sociabilité » des espèces fourragères dans les prairies multi-espèces?

Les prairies multi-espèces peuvent prolonger les périodes de pâturage ou améliorer vos rendements

Publié: 29 juillet 2022

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« Sociabilité » des espèces fourragères dans les prairies multi-espèces?

Avec des saisons qui se suivent, mais qui ne se ressemblent pas forcément (variations climatiques), les prairies multi-espèces représentent une solution à envisager pour prolonger les périodes de pâturage ou améliorer vos rendements.

Les prairies multi-espèces (PME) sont composées d’au moins trois espèces de deux familles différentes (généralement légumineuses et graminées). Afin de maximiser les effets de ces mélanges, les espèces doivent être complémentaires à plusieurs niveaux : établissement, période de végétation, rendement, valeurs nutritives, etc. Une caractéristique à prendre en compte est également la sociabilité des espèces fourragères entre elles.

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Les caractères de « sociabilité », comme la force de concurrence et l’agressivité d’implantation, représentent deux des facteurs importants à prendre en compte lors du choix des variétés peuplant un mélange multi-espèces. Lorsque cet aspect est négligé, les proportions du mélange au champ peuvent alors varier dans le temps, entraînant des difficultés d’utilisation notamment en pâturage lorsque le pourcentage de légumineuse est trop important.

Le comportement d’une espèce fourragère au sein d’un mélange complexe découle d’une combinaison de facteurs intervenant à différents moments du développement de la prairie :

  • À l’installation, durant laquelle la vitesse d’implantation de l’espèce est cruciale.
  • Pendant l’exploitation printanière, la vigueur au démarrage, le port de l’espèce et la vitesse de croissance sont des critères déterminants.
  • L’été, en lien avec sa capacité ou non à résister à la sécheresse estivale et la succession des coupes.
  • L’automne est le moment où la plante doit redémarrer après la période de sécheresse pour éventuellement constituer des réserves pour passer l’hiver.
  • En tout temps, en lien avec la pérennité de l’espèce qui peut être plus ou moins bonne.

Une meilleure connaissance de ces différents facteurs et de leurs interactions lors de l’utilisation en prairie multi-espèces pourrait permettre de définir ce critère de « sociabilité » et de prédire plus précisément l’évolution dans le temps.

Ainsi d’après la synthèse de différents essais, il est possible d’établir les comportements de certaines espèces régulièrement associées en mélange :

Le comportement et la survie des luzernes dans les prairies multi-espèces dépendent de plusieurs facteurs, comme l’implantation et la régie de coupe (rythme et la hauteur des coupes successives).

Les fléoles vont s’adapter aux sols lourds pourvu en humidité. L’établissement est rapide et sa survie à l’hiver est bonne. L’essentiel du rendement sera obtenu à la première coupe, il peut être nécessaire d’ajouter dans le mélange une graminée avec un meilleur regain pour les coupes suivantes.

Le ray-grass va avoir une vitesse d’implantation rapide. Très présent dans les prairies les deux premières années, sa population va chuter rapidement par la suite et laisser place à des espèces plus pérennes.

Les fétuques ont tendance à avoir une vitesse d’implantation lente. Leur représentation dans la biomasse totale du mélange restera faible les deux premières années. Elle augmentera ensuite au cours du temps.

Le dactyle s’établit plus lentement, mais sa population augmente régulièrement pour atteindre un maximum après trois à quatre années d’exploitation, puis elle diminue avant de disparaitre.

Le trèfle blanc s’établit assez lentement la première année. L’agressivité de développement étant variable entre les cultivars, il peut ensuite prendre une place plus importante en fonction des variétés choisies.

Pour conclure, l’intérêt des prairies multi-espèces est d’associer des espèces avec des critères de « sociabilité » différents, comme la vitesse d’implantation et la pérennité. Les espèces mélangées vont alors se succéder dans la parcelle permettant une production dès les premiers mois, mais également à plus long terme.