Les cartes de rendement et les drones nous ont permis de voir les champ sous un autre angle pour mieux évaluer et suivre les champs. Un autre outil est aussi à portée de main, si on se donne la peine d’apprendre à l’utiliser, soit les images fournies par satellite. C’est l’argument présenté par l’agronome du MAPAQ, Ghyslain Poisson, qui est également conseiller en agroenvironnement, lors d’une conférence organisée par le CRAAQ. D’après M. Poisson, leur potentiel est méconnu et les possibilités nombreuses.
L’idée d’utiliser les satellites au MAPAQ a véritablement été appliquée à partir de 2020. Pandémie oblige, les agronomes ont dû trouver et développer d’autres approches dans leurs interventions au champ. L’option des images par satellite s’est avérée un outil intéressant : il est en effet possible d’obtenir des images récentes rapidement et d’assez bonne résolution. En plus, les applications sont gratuites puisque les données sont ouvertes. Le MAPAQ lui-même a vérifié 1200 parcelles en 2020 et 1300 en 2021.
Deux sources offrent des données par images. Il s’agit de Sentinel-2 et Landsat 8 et 9. Sentinel a lancé des satellites en 2015 et 2017, tandis que Landsat a envoyé les siens en 2013 et 2021.
À lire aussi

Inondation dans les champs: quoi faire selon les cultures
La pluie a causé des siennes dans plusieurs régions mais avant de s’inquiéter, le RAP rappelle quelques informations et conseils sur ce type de situation.
Sentinel fournit des images avec une résolution de 10 m par pixel sur des plans de 290 km de large qu’il est possible de zoomer. Il utilise 13 bandes spectrales (couleurs rouge, bleu, vert, infrarouge, etc.) et des images disponibles le jour suivant le passage du satellite.
Landsat offre, quant à lui, des images de 15 m par pixel avec les couleurs véritables, ainsi que 11 bandes spectrales. Les images sont prises à tous les huit jours, mais disponibles aussi très rapidement.
Les images sont accessibles par deux applications: « Sentinel Playground » et « EO Browser ». Elles affichent respectivement les images provenant des satellites Sentinel-2 et Landsat 8 et 9. M. Poisson indique que le rendu a une résolution plus grossière que d’autres types d’imageries, mais a de nombreux avantages. On accède à une vue d’ensemble du champ qui donne de bons indices sur son uniformité, la récurrence des problèmes et les endroits à investiguer dans le champ, ce qui est une bonne préparation à une visite sur place.

Des outils dans chaque application permettent d’extraire des données ou utiliser les images convenant le mieux à la recherche, par exemple, l’indice de végétation. On peut mesurer un champ, obtenir un suivi par image (timelapse) et télécharger des images. Un exemple donné par M. Poisson est l’état d’un champ de blé d’automne après l’hiver. Le satellite a permis d’observer les dommages et leur répartition dans le champ.

Ces images ont toutefois leur limite. La prise de photos lors de la présence de nuages rend impossible la lecture, tout comme l’arrivée hâtive de la neige. Il n’est pas non plus possible d’observer les cultures intercalaires. Et la lourdeur des images lors du téléchargement peut être important, mais peut être évitée. Elles ne remplacent pas non plus la visite au champ. « Au final, la question reste toujours la même : pourquoi cette zone a des problèmes », explique M. Poisson. De plus, il faut user de déduction et d’analyse pour comprendre les photos.
Ghyslain Poisson recommande de débuter par l’application Sentinel Playground pour sa facilité d’usage. Pour ceux déjà habiles avec ce genre d’application, EO Browser dispose de davantage d’outils tout en ayant une meilleure résolution d’image. D’autres applications sont également disponibles, telles que Google Earth Pro et Digital Pro comme outil d’appoint.
La présentation de la conférence ainsi que des aides-mémoires sont disponibles sur la page du CRAAQ sous le nom du webinaire Utilisation des images satellites en données ouvertes pour le suivi des cultures.