Les pluies fréquentes observées au mois de juillet risquent de créer des maladies foliaires chez le maïs. Je pense en particulier au dessèchement (brûlure septentrionale), à la kabatiellose et à la rouille. Pour qu’une des trois maladies se développe, il faut que leurs spores soient présentes, que la température soit propice à l’infection et qu’une culture vulnérable à l’infection soit présente. Dans les cas du dessèchement et de la kabatiellose, les spores hivernent au Québec dans les résidus de culture, mais celles de la rouille nous viennent normalement du Sud des États-Unis, portées par le vent qui souffle dans notre direction.

On s’en doute, ces trois champignons microscopiques auront plus de facilité à s’implanter lorsqu’il y a beaucoup d’humidité. Cependant, des températures trop élevées peuvent freiner leur développement, puisqu’ils croissent plus rapidement à des températures oscillant entre 18 et 27 oC. Le graphique ci-dessous montre le cumul des précipitations à l’Acadie, à compter du 10 juillet jusqu’au 13 août pour l’année 2023, comparée à la moyenne de la même période pour les années 1994 à 2022. J’ai choisi le 10 juillet comme date départ parce que, selon mon expérience, les trois maladies infectent rarement le maïs avant le stade V8. On note que 2023 est nettement au-dessus de la moyenne en termes du cumul des précipitations, et qu’il s’écoule au maximum quatre jours entre chaque événement de pluie.

Au moment d’écrire ces lignes, il était déjà trop tard pour penser à un traitement fongicide. Normalement, les hybrides adaptés à nos régions ont une tolérance adéquate à ces trois maladies. Ces taches peuvent réduire la surface foliaire et la photosynthèse et provoquer un affaiblissement général de la santé de la plante qui, à son tour, mènera à des problèmes de pourriture des tiges.
La kabatiellose est peut-être la moins menaçante des trois, même si son observation est très fréquente, parce qu’elle affecte rarement le rendement. On l’observe souvent dans les champs où il y présence de résidus de maïs de l’année précédente.

J’ai quelques fois observé une mort précoce à cause de la rouille, mais une telle situation est plutôt rare au Québec.
Le dessèchement est plus sournois, car il peut, dans les cas les plus graves, nuire au rendement et à la tenue de la plante. Si vous l’observez dans une parcelle en 2023, il faudrait le noter et vous assurez de faire une rotation de culture en 2024.
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