Comment choisir la bonne semence?

Publié: 13 janvier 2025

Comment choisir la bonne semence?

Sélectionner la semence optimale pour le maïs ou le soya représente un gros défi. Bien que les caractéristiques génétiques des hybrides ou des cultivars puissent être connues à l’avance, il demeure difficile de prévoir les conditions de croissance pour la prochaine saison. Comment, alors, anticiper l’impact de la météo sur notre choix de semence? C’est dans cette perspective que nous vous invitons à parcourir l’article rédigé par l’agronome Jean-Marc Montpetit.

Chaque récolte permet annuellement de renflouer les coffres, c’est une évidence, mais également de produire une multitude de données qui, à leur tour, nous permettent d’affiner la régie de nos cultures. En principe, dès que les batteuses prennent un repos, on doit déjà penser à commander les semences pour la saison suivante. Comment choisirez-vous vos semences pour la prochaine campagne? Voici quelques idées.

Choisir les semences pour la nouvelle saison n’est pas une mince tâche, car on doit considérer d’une part le potentiel de rendement et d’autre part la stabilité spatio-temporelle de la performance. Idéalement, on sèmerait un produit qui répond à tous nos critères, ou encore, on positionnerait une fourchette de produits aux endroits où ils exprimeraient leur plein potentiel. Cependant, cette dernière option est difficilement envisageable, car il faut observer un produit longtemps pour connaître les conditions qui lui sont propices ou néfastes. Mais retarder l’adoption des nouveaux produits peut mener à un désavantage compétitif, car l’amélioration des semences de soya et de maïs donne des gains annuels de rendement de l’ordre ½ d’un pourcent.

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En revanche, les adopter trop rapidement, lorsqu’ils sont peu éprouvés, peut augmenter l’instabilité des rendements. De plus, dans la conjoncture d’instabilité climatique que nous subissons, le défi de prédire la performance prend tout son sens. Les spécialistes de la prédiction de la performance parlent de G * E pour expliquer l’instabilité des produits. On définit G * E comme étant l’interaction entre les génotypes (les cultivars) et l’environnement (les endroits où on les sème). En d’autres termes, on tente d’expliquer pourquoi un cultivar n’a pas produit ce à quoi on s’attendait dans un environnement donné. Le « E » englobe énormément de choses : type de sol, pluviométrie, ensoleillement, pression de ravageurs, etc. Toutefois, c’est assurément l’effet « année » qui produit la plus grande variabilité des résultats.

Alors, comment peut-ont prédire l’effet « année » sans connaître la météo qu’on aura en 2025? Pour y arriver, on peut consulter les résultats d’un grand nombre d’essais afin d’évaluer la stabilité dans une multitude d’environnements, dont certains pourraient représenter la prochaine saison de croissance. Par exemple, l’hybride X qui a été si bon dans votre parcelle de comparaisons de 2023 s’est-il bien comporté ailleurs en 2024, en 2023 ou même en 2022? N’hésitez pas à consulter des résultats provenant d’autres régions, car vous pourriez connaître en 2025 des conditions semblables à celles qu’ont eu d’autres producteurs au cours des années précédentes.

Par ailleurs, méfiez-vous des résultats où un hybride se démarque par 20% ou plus de la moyenne de l’essai. Hormis des cas extrêmes de sensibilité à la verse, à un herbicide ou à une maladie, il y a rarement de si grosses différences entre les hybrides commerciaux. Souvent, l’énorme différence observée s’explique par des facteurs non génétiques tels que des dégâts faits lors du sarclage, une bande où la fertilisation variait ou des espacements inégaux entre les passages du semoir. Par ailleurs, le semis d’un hybride court bordé de deux hybrides longs peut créer des effets de compétition qui défavorisent l’hybride court et avantagent ceux qui sont plus longs.

Finalement, l’hétérogénéité inhérente de certains champs produit des résultats variables qui devraient peser moins lourd dans nos décisions. La figure 1 montre deux lieux où les hybrides A et E ont exactement le même écart. Admettant qu’on s’intéresse uniquement à la comparaison de A à E, on pourrait surpondérer les résultats du site 1 et minimiser ceux du site 2, parce que les hybrides B-C-D y ont produit des résultats très variables. En définitive, je crois qu’il faille consulter au moins une dizaine d’essais avant de conclure quoi que ce soit.

Plus le nombre d’environnements est grand, plus il devient possible de calculer d’autres statistiques que la moyenne. Je pense ici à la médiane et au percentile – des statistiques moins sensibles aux données aberrantes. Certains estiment la stabilité à l’aide de la fréquence à laquelle un cultivar d’intérêt se démarque des autres. Peu importe la méthode utilisée, il est important de refaire ses devoirs chaque année, puisque les choses évoluent rapidement dans le milieu des semences.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.