Lorsqu’il atteint sa maturité physiologique, vers la fin de septembre, votre maïs-grain franchit alors la ligne d’arrivée quant à l’accumulation totale de matière sèche. Le rendement est alors fixé et il ne reste qu’à attendre une teneur en eau du grain acceptable pour procéder à la récolte. Le maïs, comme la plupart des cultures à floraison déterminée, accomplit son cycle reproductif en trois étapes bien définies : la création des structures forales, la fécondation des fleurs et le stockage de réserves amidonnées qui assureront la germination des semences.
Plus exactement, la floraison et la formation d’embryons fertiles fixent le nombre grains par plante. Cette phase commence deux semaines avant la fécondation et dure environ cinq semaines. À vrai dire, elle se situe souvent entre le 10 juillet et le 15 août.
Or, tout stress qui nuit à la photosynthèse durant la phase de détermination du nombre grains risque de diminuer le nombre d’épillets en attente d’être fécondés ou, ensuite, la survie des embryons. Heureusement, dans les latitudes nordiques, cette étape se complète lorsque les journées sont longues et que le temps est chaud. Malgré qu’on la nomme période critique dans les régions au sud de nous, les risques de réduction du nombre de grains par des facteurs abiotiques externes, tels un gel, de la grêle, une sécheresse ou du temps nuageux, sont relativement faibles au Québec. Toutefois, on suppose une bonne régie des parcelles où la qualité des semis, la fertilité, le désherbage, le drainage et la gestion des ravageurs sont adéquats.
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Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.
Vient ensuite l’étape qu’on appelle communément le « remplissage » du grain. Elle va du stade R3 au stade R6, quoique le taux d’accumulation de la matière sèche diminue graduellement vers la fin de cette période. De plus, en admettant que les ¾ de la matière sèche du grain seront accumulés entre le 15 août et le 15 septembre (stades R3 à R5), la culture dispose d’environ 30 jours pour produire une portion importante du rendement. Autrement dit, la plante acheminera quotidiennement entre 3 et 4 grammes de matière sèche vers le grain pour arriver à un total de 150 grammes à la maturité, ce qui correspond à 12 t/ha à une densité de 80 000 plantes/ha.
Si la photosynthèse ne répond pas à la demande, la plante puisera dans ses réserves stockées ailleurs dans la tige, ayant pour conséquence une diminution de sa santé et de sa capacité de photosynthèse. Cette réaction en chaîne peut mener à une mort prématurée de la plante. On comprendra qu’au Québec la phase du remplissage du grain est tout aussi importante que celle qui la précède, parce qu’elle se déroule dans un environnement où la photopériode, la température et la surface foliaire active diminuent progressivement. Notons qu’il est préférable de parler de grammes par plante plutôt que de grains par épi, car il existe des différences de calibre du grain entre les hybrides (voir photo).
En somme, si le rendement ne correspond pas à vos attentes, il faudrait déterminer le moment où est survenu le stress responsable de cette baisse de productivité. Notamment, un stress survenu pendant la période de fixation du nombre de grains produira de petits épis ou des épis gravement dégarnis à leur extrémité.
Les stress de mi-saison sont multiples et peuvent comprendre une levée inégale, un désherbage tardif, un mauvais égouttement, un manque transitoire d’azote, une sécheresse, etc. Par ailleurs, un stress qui altère le remplissage du grain mène à des grains de petite taille qui sont moins profonds et moins serrés sur l’épi. Au point de vue de la régie, il est donc important de créer des conditions qui maintiendront la plante en santé tout au long du remplissage du grain. D’une part, on peut s’assurer que la densité de semis correspond au potentiel de la parcelle et, d’autre part, on peut maintenir la santé du feuillage par l’application de fongicides. Souvent, le temps froid et nuageux est le principal facteur limitant le remplissage du grain.
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