Nous avons vécu, pour la deuxième année consécutive, un mois de septembre anormalement chaud. Le climat se réchauffe-t-il, et si oui, comment cela pourrait-il influencer nos choix d’hybrides?
Pour tenter de répondre à cette question, j’ai analysé les données de trois stations météo publiques situées autour de Montréal, soit celles de l’Assomption, de Saint-Hubert et de Nicolet. Lorsque l’on observe les températures moyennes mensuelles sur une longue période, il est difficile de discerner une tendance claire. Peut-être certains mois se sont-ils réchauffés d’un demi-degré, mais je n’ai pas approfondi l’analyse pour le confirmer. J’ai préféré me concentrer sur la fin de saison, c’est-à-dire sur les 61 jours couvrant septembre et octobre, car c’est la période qui semble avoir le plus changé.
Impact sur les gels
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Comment choisir la bonne semence?
Sélectionner la semence optimale pour le maïs ou le soya représente un gros défi. Bien que les caractéristiques génétiques des hybrides ou des cultivars puissent être connues à l’avance, il demeure difficile de prévoir les conditions de croissance pour la prochaine saison. Voici quelques conseils.
Étonnamment, de légères augmentations de température durant cette période ont eu un impact significatif sur la date du premier gel. Le graphique ci-contre montre cette date pour la station de l’Assomption sur plusieurs décennies. La courbe est obtenue à partir d’une médiane mobile, avec une fenêtre centrée sur les 20 années précédentes. Selon mon analyse – qui n’est pas une étude scientifique exhaustive –, la saison sans gel se serait allongée de sept à dix jours au cours des quatre dernières décennies. Il convient de noter que dans les années 1950 et 1960, on avait également observé un léger allongement de la saison, qui s’était ensuite estompé. Sommes-nous au sommet d’un cycle de réchauffement qui finira par se résorber également? Partons du principe, pour la suite de ce texte, que l’allongement de la saison est réel et qu’il perdurera.
Un gel plus tardif permet d’accumuler davantage d’unités thermiques-maïs (UTM) en septembre et en octobre. En effet, après le gel mortel pour le maïs, il reste souvent des journées chaudes et ensoleillées, devenues inutiles pour la plante. Parfois, comme nous l’avons vu en 2023, ce surplus de chaleur dû au prolongement de la saison compense un déficit survenu plus tôt. Dans d’autres cas, l’allongement de la saison représente un véritable surplus net d’UTM.
Cependant, est-ce que le maïs peut réellement profiter de la chaleur et du soleil de la fin septembre ou d’octobre? Il faut que la plante soit encore vivante et qu’elle n’ait pas atteint sa maturité physiologique pour en tirer avantage. Autrement dit, les hybrides à maturité tardive, mais dotés d’un séchage naturel rapide, ont plus de chances de bénéficier de cet allongement. Ils continueront à transformer la lumière en matière sèche, alors que d’autres hybrides, plus conservateurs, auront terminé leur cycle biologique. Ces derniers profiteront alors des belles journées d’octobre pour diminuer rapidement leur teneur en eau et être aussi secs que les autres. Cependant, comme mentionné dans des chroniques précédentes, ce type d’hybrides peut poser des problèmes lors des saisons froides. C’est un peu comme dans le domaine des investissements: on a le choix entre l’option prudente, à rendement modéré et celle plus risquée, qui rapporte davantage à moyen terme.
Hybrides à cycle de maturité tardif
Si vous tolérez bien le risque, une partie de vos choix de semences pourrait inclure des hybrides à cycle de maturité tardif, capables de sécher rapidement. Ils offriront un rendement remarquable lors de saisons comme celle de 2024. En revanche, ils risquent d’être davantage affectés par un gel précoce, un scénario qui reste plausible malgré ce dont nous venons de discuter.
Enfin, il est important de souligner que les essais de développement d’hybrides menés par les semenciers se déroulent également dans cet environnement plus chaud. Malgré un léger décalage – il y a généralement un écart de six à huit ans entre la création des populations de sélection et leur commercialisation –, la sélection végétale produit nécessairement des hybrides adaptés aux nouvelles conditions de croissance.

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