Maïs-grain: a-t-on atteint les plus hauts taux de semis?

Publié: 18 décembre 2024

Maïs-grain: a-t-on atteint les plus hauts taux de semis?

Les sélectionneurs de maïs ont depuis longtemps recours à des techniques visant à créer des conditions stressantes dans les parcelles expérimentales, afin d’améliorer la tolérance des hybrides à des environnements difficiles. L’une des méthodes les plus courantes consiste à semer les essais à des densités supérieures à celles utilisées par les agriculteurs. Cela accroît les besoins en eau, en lumière et en nutriments, créant ainsi un contexte compétitif où seuls les hybrides les plus stables et performants peuvent s’imposer. Cette stratégie a toutefois pour effet collatéral d’augmenter le taux de semis recommandé pour les nouveaux hybrides. 

Dans le passé, les peuplements maximaux étaient limités par la capacité des hybrides à survivre jusqu’à l’automne, notamment en résistant à la pourriture des tiges. À cette époque, les densités étaient faibles, autour de 50 000 plants par hectare et une partie de la lumière solaire atteignait encore le sol, faute d’être interceptée par les feuilles. Avec le temps, la tolérance au stress des hybrides s’est considérablement améliorée, permettant aux cultures modernes de capter au moins 90 % de l’énergie lumineuse disponible. Aujourd’hui, des études montrent qu’un maïs cultivé en rangs espacés de 76 cm présente un indice de surface foliaire d’environ 3,5, ce qui signifie que la surface totale des feuilles équivaut à 3,5 hectares pour chaque hectare de sol. Cela soulève une question importante : sommes-nous en train d’atteindre un plateau? 

Les données récentes provenant des producteurs de l’Iowa, de l’Illinois et de l’Indiana indiquent un ralentissement de l’augmentation des taux de semis depuis environ 2012. Bien que ces taux continuent de croître, le rythme est désormais moins soutenu. 

Malgré cela, il est probable que les rendements continuent de répondre positivement à des densités croissantes, même si identifier les hybrides tolérants au stress uniquement par l’augmentation des peuplements devient plus difficile. Plusieurs facteurs contribuent à ce potentiel. Par exemple, l’incorporation de génétiques issues du Midwest américain dans les hybrides adaptés au Québec a favorisé un port de feuilles plus dressé, une caractéristique qui optimise l’efficacité de la lumière à des densités élevées. De plus, l’arrivée prochaine de maïs semi-nain sur le marché pourrait encore accroître la tolérance des hybrides aux peuplements denses. 

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Cependant, toute augmentation des densités de semis doit se justifier par un rendement accru qui compense les coûts supplémentaires liés aux semences. En parallèle, les risques agronomiques associés aux densités excessives ne doivent pas être négligés. Parmi ces risques figurent une hauteur excessive des plants, un retard dans l’apparition des soies, une variabilité accrue de la taille des épis, un affaiblissement des tiges et la présence possible de plants sans épi. 

La discussion sur les peuplements ne serait pas complète sans aborder l’indice de récolte, qui correspond au rapport entre la matière sèche du grain et la matière sèche totale de la plante. Une densité excessive peut entraîner un déséquilibre, avec une culture produisant davantage de feuillage au détriment des grains. L’indice de récolte peut alors chuter de 55 à 45 %, voire 40 %. À l’extrême, une telle culture pourrait ressembler davantage au sorgho qu’au maïs, avec une production d’épis minimale. Heureusement, les hybrides modernes présentent un indice de récolte plus élevé et plus stable que leurs prédécesseurs, même sous des densités élevées. 

En conclusion, les densités de semis ont connu une croissance rapide entre les années 1970 et 1990, soutenue par l’introduction de génétiques capables de capter presque toute la lumière solaire. Depuis, les progrès réalisés reposent sur la capacité à maintenir une production de grains stable par plante, malgré une concurrence accrue entre voisins. Bien que les taux de semis continuent de croître, l’approche pour optimiser les peuplements semble atteindre ses limites, nécessitant des innovations génétiques et agronomiques pour aller plus loin. 

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.