Début juillet, de nombreux orages frappent le Québec, des tempêtes qui déversent par endroit des trombes d’eau, et font souffler des vents violents, particulièrement en Montérégie. Au lendemain de leur passage, des producteurs constatent un peu partout les dégâts qui ont pris la forme de plants de maïs couchés, parfois jusqu’à 50% des champs.

Trois mois plus tard, la bonne nouvelle est que ces champs semblent avoir été peu touchés au final. Les plants de maïs se sont redressés en formant, c’est vrai, des cols d’oie, mais les épis sont bel et bien en place et les plants ont poursuivi leur croissance de manière normale.

Stéphane Myre, agronome pour Dekalb, compte parmi ses clients des producteurs affectés par le phénomène, dont un résident de Saint-Denis-sur-Richelieu. Un de ses champs affichait de la verse sur la moitié de la superficie, soit environ 50 acres. « Les plants se sont systématiquement relevés. Quand je suis retourné dans le champ vers la fin août, la pollinisation était faite, ce qui était le plus important. La probabilité du délai de maturité dans cet hybride de floraison hâtive (semi-flexible) a probablement joué un rôle. Lors de ma dernière visite le 28 septembre, les épis comptent 16-18 et 22 rangs. J’anticipe des effets limités sur le rendement », dit Stéphane Myre.

L’agronome explique le remarquable rétablissement des tiges par plusieurs facteurs. La météo de cet été avec les pluies abondantes a favorisé le développement végétatif des plants, ce qui a pu aider les plants à se redresser. Le type d’hybride a également pu contribuer, tout comme le type de sol. Il y a fort à parier que le résultat sur les épis aurait été différent si la tempête s’était produite trois semaines plus tard en pleine période de pollinisation. « Les plants couchés auraient fait de l’ombre et les soies ne se seraient pas développées convenablement, amenant à une pollinisation déficiente et des épis par conséquent incomplets », explique Stéphane Myre.
À savoir si ces plants sont plus fragiles que d’autres, ça reste à voir, selon l’agronome. Comme il l’écrivait dans un récent billet, le maïs entame sa sénescence à cette période-ci de l’année. Les pluies fréquentes et intenses de l’été ont causé du lessivage de l’azote qui a fragilisé les plants. « Les épis sont en train de se remplir pour emmagasiner les sucres et les tiges se vident. On pourrait voir du cannibalisme, pas partout, mais c’est à surveiller », indique-t-il.
Les plants morts pourraient aussi être la porte d’entrée de l’anthracnose et de la pourriture des racines.
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« Le mot d’ordre est que ce ne serait pas une mauvaise affaire de visiter les champs et de faire des tests de poussée sur les plants pour voir comment ils résistent », conseille Stéphane Myre. «Dans le cas des plants versés, les racines aériennes et d’ancrage se sont développées, mais une visite ne fait jamais de tort. »

Si jamais des champs s’avèrent plus affectés, il vaudrait mieux les prioriser au moment de la récolte, question de mettre les chances de son côté, surtout que les plants sont très hauts cette année en raison d’une croissance végétative remarquable. Même si le beau temps est au rendez-vous pour le moment, rien ne garanti que la récolte se fera sous des cieux aussi propices. Ce qui est toutefois encourageant est de constater que le rendement semble bon cette année et que la croissance des plants se déroule sans problème notable.