La sécheresse amène Québec à intervenir

Selon les informations disponibles, le modèle sera équivalent à l’utilisation de l’électricité en période de pointe

Publié: il y a 2 heures

La sécheresse amène Québec à intervenir

Face aux difficultés grandissantes d’assurer un accès à l’eau pour tous, Québec annonce la mise en place d’une projet pilote cet automne afin de mesurer et établir des conditions d’utilisation de l’eau, selon Radio-Canada.

L’annonce a été faite conjointement par le MAPAQ et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCF) le 8 septembre.

« Un projet pilote de gestion active de l’eau sera déployé pour explorer des moyens et des conditions qui permettront de notamment concilier les besoins agricoles, industriels et municipaux lorsque le niveau de la demande en eau sera élevé », ont indiqué les ministères dans une communication conjoint.

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Selon les informations disponibles, le modèle sera équivalent à l’utilisation de l’électricité en période de pointe. Les grands utilisateurs sont demandés de réduire leur consommation lorsque la demande est très élevée, toujours selon le diffuseur public.

Le projet de gestion active de l’eau sera d’abord testé dans le Centre-du-Québec, dans le secteur des bassins versants des rivières Bécancour et Nicolet.

Le geste survient dans une période de sécheresse sévère dans plusieurs régions du Québec. Les cours d’eau se situent à des niveaux anormalement bas et plusieurs puits sont à sec, dont ceux de nombreux producteurs agricoles. Des producteurs doivent puiser de l’eau dans les rivières afin d’irriguer leurs champs et d’autres sont contraints d’abandonner des champs trop affectés par la sécheresse.

Précipitations dans les régions du Québec en août 2025. Source: Météomédia.

L’UPA a salué le projet qui amène une solution à un problème soulevé plusieurs fois dans les dernières années.

Un portrait incomplet sur l’accessibilité de l’eau au Québec

Bien que les problèmes de l’accès à l’eau entre les différents utilisateurs soient connus depuis longtemps, peu de données existent sur le sujet.

Le Rapport sur l’état des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques du Québec 2025, émis cet été par le MELCCF, soulignait des problèmes d’approvisionnement en eau sporadiques lors des étés très secs et les pressions démographiques dans les régions en fort développement tout en mettant en lumière la difficulté de faire des recommandations, faute de connaissances qui permettent d’avoir un portrait clair de la situation.

Selon le document, le gouvernement dispose de données sur les eaux de surface, grâce à des stations de mesure, mais dit ne pas disposer d’indicateurs dans le cas des eaux souterraines. D’autres éléments de mesures sont trop récents pour tracer des tendances. On sait toutefois que la recharge des eaux souterraines est plus difficile dans les sols argileux.

Le niveau des eaux souterraines en 2021 selon les puits du Réseau de suivi des eauxsouterraines du Québec. Les points jaunes indiquent une tendance négative.

Au niveau du prélèvement d’eau à partir de sources d’eaux de surface ou souterraines, les secteurs municipal (66 %) et industriel (31 %) représentent l’essentiel des volumes d’eau prélevés. Les 3 % restants sont répartis entre le secteur agricole, le secteur commercial et institutionnel (comme les centres de ski et les clubs de golf), bien que le rapport indique que les prélèvements en secteurs sont probablement sous-identifiés.

L’organisme Ouranos, cité dans le document, prévient que les étiages (niveaux d’eau anormalement bas) seront plus importants en été sur l’ensemble du territoire et que le cycle de l’eau sera perturbé en raison des changements climatiques. Les impacts seront importants pour les eaux de surface, surtout dans le sud du Québec, et bien qu’il soit entendu que les eaux souterraines soient aussi affectées, les données sont trop récentes pour en tirer un portrait.

Dans la conclusion du rapport sur la quantité d’eau disponible au Québec, le MELCCF vise donc à améliorer les connaissances, ce qui comprend « le développement d’indicateurs sur la disponibilité de l’eau de surface et souterraine, la diffusion d’information sur le suivi de l’état de la quantité d’eau et l’amélioration des connaissances sur les prélèvements d’eau effectués au Québec ». Les travaux doivent être réalisés entre 2024 et 2028.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.